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couvrant les plaines de torrens enflammés ; & les tonnerres
retentiffans, les foudres rapides, les orages des airs mêlant
leur puijfance à celle des orages intérieurs de la terre, &
des tempête s de la mer.
Nous te faluons, toi dont les chants ont célébré ces grands
objets : que le feu des volcans, que les ondes agitées , que
les tonnerres des airs rappellent à jamais ta gloire |
Mais la vapeur épailîe fe difiipe, & nous laide voir
des plaines, immenfes, des. coteaux fertiles, des champs
fleuris, des retraites tranquilles j ô Nature, tu te montres
dans toute ta beauté ! Leshabitans des airs voltigeant au
milieu des bocages, faluent par leur chant l’aftre bien-
faifant fource de la chaleur; l’aigle altier vole jufqu’au-
deflus des plus hautes cimes (a) ; le cheval belliqueux
relevant fa mobile crinière , s’élance dans les vertes
prairies ; les divers animaux qui embelliffent le globe,
parodient en quelque forte à nos yeux., Saifis d’un noble
enthoufiafme, entraînés parl’efpèce de délire qui s empare
de nos fens, nous croyons nous détacher, pourainfi dire,
de la terre , & voir le globe roulant fous nos pieds nous
préfenter fucceflîvement toute fa furface. Le Tigre féroce,
le Lion terrible régnant avec empire dans les folitudes
embrafées;de l ’Afrique, le Chameau fupportant la foif
(« ) Voyez particulièrement, dans f'Hiftoire des Quadrupèdes & des Oifeaux, par
M» de Buffon, les articles du Cheval, du Tigre, du Lion, du Chameau , de l* Éléphant, du
Çaftor, des Singes, de V/Uglef des Perroquets y de l’ Oifeau Mouche, du Kamichi, &c.
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au milieu des fables brûlans de l’Arabie, l'Éléphant des
grandes Indes, étonnant l’intelligence humaine par l’étendue
de fon inflinél, le Caftor du Canada, montrant par fon
induftrie ce que peuvent le nombre & le concert , les
Singes des deux mondes, imitateurs pétuîans des mou-
vemens de l’homme, les Perroquets richement colorés
des contrées- voifines de l’équateur, le brillant Oifeau-
mouche St le Colibri doré du nouveau continent, lé
Kamichi des côtes à demi-noyées de la Guiane , tous
paflent fous nos yeux. Rien ne peut nous dérober aucun
de ces objets que Buffon a revêtus de fes couleurs éclatantes
; Sc au milieu des fujets de fes magnifiques tableaux,
nous voyons fur tous les points de la terre habitable, le
chef-d’oeuvre de la force productrice, l'homme qui par la
penfée, a conquis le fceptre de la nature, dompté les
élémens, fertilifé la terre, embelli fon afîle, & créé le
bonheur par l’amour & par la vertu. Depuis le Pôle fur
lequel brille l’Ourfe, depuis les bornes du vafte Empire
de la fouveraine de la Néva (a) , & cette contrée fertile en
héros, où Reinfberg (b) voit les arts cultivés par des mains
W eu principalement ae ia Kume, amn que de l'Amérique leptentrïonafe & niêridionafe,
que l'on s'eft empreffé d'offrir à M. de Buffon, fes divers objets d'Hiftoire
Naturelle qui pou voient f'intérefler ; il en a reçu de pfufiéurs Souverains, & fur-tout
de l'Impératrice de toutes fes Ruffies.
(A) Château du Brandebourg ? appartenant au Prince Henri de Pruffe. Avec quel
plailir M. de Buffon ne parloit-ii pas de fon dévouement pour ce Prince ! Combien
ne fe plaifoit-il pas à rappçffer fes marques d'attachement qu'if en avoit reçues ainfr
qu'à s'entretenir de i'amitié que fui a toujours témoignée la digne Compagne dWfrrand
4 célébré Miniôre du meilleur des Rois î