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peut fervir beaucoup à diftinguer l’Orvet d’avec plu-
lieurs autres Anguis , c’eft la longueur de la queue qui
égale & même furpaflé quelquefois celle de fon corps ;
l’ouverture de fa gueule s’étend j-ufqu’au - delà des
-yeux ; les deux os de la mâchoire inférieure ne font
pas féparés l’un de l’autre comme dans un grand nombre
de Serpens ; & en cela l’Orvet relîemble encore au
Seps & aux autres lézards. Ses dents font courtes,
menues, crochues , & tournées vers le golier. La langue
éft comme échancrée en croiflànt. On a écrit que
fes yeux étoient fi petits qu’on avoit peine à les diftinguer
; cependant quoiqu’ils foient moins grands à
proportion que' ceux de beaucoup d’autres Serpens,
il font très-vifibles, & d’ailleurs noirs & très-brillans ( a).
Il ne parvient guères à plus de trois pieds de longueur.
On a prétendu que famorfureétoittrès-dangereufe (b) ;
mais il n’a point de crochets mobiles, &. d’après cela
feul on aurait dû fuppofer qu’il n’avoit point de venin j
d’ailleurs leg expériences de M. Laurent l’ont mis
( jj).Les écailles» quirecouyreijt fes lèvres , ne font pas plus grandes
.que celles qui revêtent fon dos ; aucunes de celles qui garniffent le
deffous de fon corps, ne font plus grandes que leurs voilines. II en a
ordinairement cent trente-cinq rangs fous le corps , .& autant fous 1?
queue.
(è ) Schwenckfeld, dans fon Hiftoire des Reptiles de la Siïélîe , a
éerit que > çfins cette JProvivpe, on regardoit f’Orvet comme venimeux,,
hors
hors de doute (a). De quelque manière qu’on irrite cet
animal, il ne mord point , mais fe contracte avec force-,
& fe roidit, dit M.Laurent, au point d’avoir alors l’inflexibilité
dubois. Ce Naturalifte fut obligé d’ouvrir par
force la bouche d’un Orvet, & d’y introduire la peau
d’un chien, que les dents de l’animal trop courtes & trop
menues ne purent percer ; de petits oifeaux employés
à la même expérience, & blelfés par le Reptile, ne
donnèrent aucun figue de venin : Ja .chair nue d’un
pigeon fut auffi mife fous les dents de l’Orvet qui la tint
ferrée pendant long-temps, & la pénétra de la liqueur
qui étoit dans fa bouche ; le pigeon fut bientôt guéri
de fa bleffure , fans donner aucun'indice de ppifon.
Lorfque la crainte ou la colère contraignent l’Orvet,
à tendre ainfi tous fes mufcles , & à roidir fon corps ,
il n’efl: pas furprenant qu’on puilfe aifément en le
frappant avec un bâton ou même une fimpfe baguette,
le divifer & le calfier, pour ainfi dire.,’ en plufieurs
petites parties. Sa fragilité tient à cet état *de roi-
deur & de contraélion , ainfi que l’a penfé M. Laurent
qui a très-bien obfervé cet animal,- & elle cl! d’autant
moins furprenante que fes vertèbres: font trèsfa)
M. Laurent, Ouvrage déjà cité, p . ifÿ. Les Auteurs ide la
Zoologie .Britannique difent qu’en Angleterre , l'Orvet n’eft point
regardé comme dangereux.
Serpens, Tome II, ü i