I ô o H i s t o i r e N a t u r e l l e
n’a jamais été trouvé dans le corps d’un N a ja , &
des expériences qu’il a faites potir prouver ie peu d’effet des pierres de
Serpent contre i’aétion des divers poifons, & il ajoute plus bas :
ii Pour moi j je crois, comme je viens de le dire, que ces pierres
jj font artificielles , & mon opinion eft appuyée du témoignage de
jj plufieurs Savans qui ont demeuré long-temps dans les Indes, au-
» deçà & au-delà du Gange,. & qui affirment que c’eft une compo-
jj fition faite par certains Solitaires Indiens qu’on nomme dogues,
» qui vont les vendre à Diu , à Goa, à Salfette, & qui en font com-
« merce dans toute la côte de Malabar , dans celles du Golfe de
jj Bengale > de Siam, de la Cochinchine , & dans les principales Ifles
jj de l’Océan oriental. Un Jéfuite, dans certaines relations, parle de
jj quelques autres pierres de Serpent qui font vertes.
« Je n’en ai jamais vu ni éprouvé de vertes , mais fi leurs propriétés
jj font, comme il le d it, les mêmes que celles des pierres artiir-
» cielles, je crois être bien fondé à douter de la vertu des unes &
jj des autres, & à mettre ces Jogues au rang des Charlatans, car ils
jj vont dans les Villes commerçantes des Indes, portant autour de
jj leur cou & de leurs bras, des Serpens à chaperon auxquels' ils ont
jj foin d’arracher auparavant toutes les dents ( comme l ’affure Garcias
jj da Orto ) & d’ôter tout le venin. Je n’ai pas de peine à croire
jj qu avec ces précautions , ils s’en faffent mordre impunément , &
jj encore moins qu’ils perfiradent au peuple que c’eft à ces pierres
jj appliquées fur leurs hleffures, qu’ils doivent leur guérifon.
jj On objectera peut-être comme une preuve de la fympathie de
jj cette pierre avec le venin, la vertu qu’elle a de s’attacher fortement
» aux bleffures empoifonnées ; mais elle s’attache auffi fortement aux
» plaies ou il n’y a point de venin -, 8c à toutes les parties du corps
.jj qui font humectées de lâng ou de quelqu’autre liqueur,. par- la
» meme raifon que s’y attachent la terre figillée 8c toute-autre forte
n e s S e r p e n s . l o i
n’eft qu’une production artificielle apportée de l’Inde ,
ou imitée en Europe.
u de bol. jj Rédi , obfervations far diverjès chofis naturelles , &c.
Collection académique , partie étrangère , tom. I V , pag. $41 , $qz
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Au refte , le fentiment de Rédi a été confirmé par M. l’Abbé
Fontana. Voye\ fon Ouvrage fur les Poifons, vol. & , p. 68.