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de toute efpèce ravageoient des contrées de l’ancien
continent, que l’art de l’homme commençoit à peiné
d’arracher à la nature, combien de héros portèrent
la peau de grands Serpens qu’ils avoient mis à mort,
& qui étoient vraifemblablement de l’efpèce ou du
genre du Devin, comme des marques de leur valeur,
& des trophées de leur viéloire.
» fous des arbres , près de Kolumgo, les Nègres de fa compagnie
jj découvrirent un grand Serpent qui traverioit la rivière de Qunnzay
jj ils s’efforcèrent de le faire retourner fur fes traces en pouffant des
jj cris & lui jetant des mottes de terre , car il ne fe trouve point de
jj pierres dans le pays ; mais rien ne put l’empêcher de gagner le
jj rivage & de prendre porte dans un petit bois allez près de la maifon»
jj U fe trouve de ces Serpens, dit le même Auteur, qui ont vingt-
jj cinq pieds de long & qui font de la grofléur d’un poulain. Ils ne
sj font qu’un morceau d’une brebis ; auflîtôt qu’ils l’ont avalée, H*
jj vont faire leur digeftion au foleil; les Nègres, qui connôiffent leurs
» ufages, apportent beaucoup de foin à les obferver , & les tuent
jj facilement dans cet état, pour le feul plaifîr d’en manger la chair.-
jj Ils les écorchent & ne jettent que la queue , la tête & les entrailles.
j j Ce Serpent paroît être le même qui porte, fuivant Dapper, le
jj nom d’Emlamma dans !e,Royauine d’Angola ; 8c celui de Minia
jj dans le pays des Quojas. Sa gueule, ajoute cet Ecrivain , eft d’une
jj grandeur fi extraordinaire, qu’il peut avaler un bouc, ou même
j j un cerf entier. Il s’étend dans les chemins comme une pièce de
jj bois mort, & d’un mouvement fort léger, il fe jette fur les paffans,'
jj hommes ou animaux, jj Hiftoire naturelle, de Congo, d’Angola &
de Senguela. Hiftcire générale des Voyages, édit, ifi-1 2 , liv. t j j
tom. i j , gag. z jÿ & Jm .
s e s S e r p e n s .
C ’eft lorfque la faifon des pluies eft paflee dans les
contrées équatoriales, que le Devin fe dépouille de fa
peau altérée par la difette qu’il éprouve quelquefois,
ou par l’aétion de l’atmofphère, par le frottement de
divers corps, & par toutes les autres caufes extérieures
qui peuvent la dénaturer; Le plus fouvent il fe tient
caché pendant que fa nouvelle peau n’eft pas encore
endurcie , & qu’il n’oppoferoit à la pourfuite de fes
ennemis qu’un corps foible &. dépourvu de fon armure.
I l doit demeurer alors renfermé ou dans le plus
épais des forêts, ou dans les antres profonds qui lui
fervent de retraite. Nous penfons, au refte, qu’ordl-
îiairement il ne s’engourdit complètement dans aucune
faifon de l’année. Il ne fe trouve, en effet, que dans
les contrées très-voilînes des Tropiques où la faifon
des pluies n’amène jamais une température affez
froide pour fufpendre fes mouvemens vitaux. Et
comme cette faifon des pluies varie beaucoup dans
les differentes Contrées équatoriales de l’ancien ôc
du nouveau Continent, & qu’elle dépend de la hauteur
des montagnes, de leur fituation , des vents, de la
pofition des lieux, en deçà, ou au-delà de la ligne, & c .
le tems du renouvellement de la peau & des forces
du Serpent , doit varier quelquefois de plufieurs
mois &. même d’une demi-année. Mais c’eft toujours
lorfque le foleil du printemps redonne l’aélivité à
la Nature , que le Serpent Devin rajeuni, pour
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