leur font fupérîeurs, leur fureur lorfqu’ils fe précipitent
fur ceux qui les troublent dans leurs combats
ou dans leurs amours, leur acharnement lorfqu’ils défendent
leur femelle , la vivacité du fentiment qui
femble les animer dans leur union avec elle , ne
prouvent-ils pas , en e ffe t, la fupériorité de leur fen-
fibilité fur celle de tous les animaux, excepté les oi-
feaux & les Quadrupèdes vivipares ? Non-feulement
plufieurs efpèces de Serpens vivent tranquillement auprès
des habitations de l’Homme , entrent familièrement
dans fes demeures , s’y etabliffent même quelquefois
& les délivrent d’animaux nuifibles & particulièrement
d’infeétes malfaifans Ça) ; mais 1 on a vu
des Serpens réduits à une vraie domeftieké , donner à
leurs maîtres des fignes d’attachement fupérieurs à
tous ceux qu’on a remarqués dans pluheurs efpeces
(a) « Schouten décrit une efpèce de Serpens du Malabar, que les
?» Hollandois ont nojnmé preneurs de rats, parce qu’ils virent effec-
» rivement-de'rats & de fouris , eomrije les eKàts & qu'ils fe nichent
jj dans, les toits des maifons ; loin;de nuire aux hommes, iis paffent
jj fur. le corps & le viCigi' de ceux qui dorment, fans leur cauler
» aucune incommodité *, ils defeendent dans le? chambres d une mai-
,, fon t comme pour les vifitér, & fouvent; ils fe placent fur le plus
JJ beau lit. On embarque rarement du bois de chauffage , fans y jeter
?» quelques-uns de ces animaux, pour faire la guerre aux infect es
ft. quis’y retirent, jj Hifl. pénér,des fp y . édif. in-12. vol. 4^, p. 346.
d’pifeaux
d’oifeaux & même de Quadrupèdes, & ne le céder
en quelque forte, par leur fidélité, qu’à l’animal même
qui en efi le fymbole Ça).
Il en eft des Serpens comme de plufieurs autres
ordres d’animaux : ceux qui font très-grands, font rarement
plufieurs enfemble. Il leur faut trop de place
pour fe mouvoir , trop d’efpace pour chafler ; doués
de plus de force & d’armes plus puifikntes, ils doivent
s’infpirer mutuellement plus de crainte : mais ceux
qui ne parviennent pas à une longueur très-confidé-
rable , & qui n’excèdent pas fept ou huit pieds de
long, habitent fouvent en très-grand nombre , non-
feulement fur le même rivage ou dans la même forêt,
fuivant qu’ils fe nourriffent d’animaux aquatiques , ou
de ceux des bois, mais dans le même afyle fou terrain;
c’elt dans des cavernes profondes qu’on les rencontre
quelquefois entaffés, pour ainfi dire, les uns contre les
autres, repliés, & entrelacés de telle forte qu’on croirait
voir des Serpens à plufieurs têtes. Lorfqu’on parvient
dans ces antres ténébreux , on n’entend d’abord
que le petit bruit qu’ils peuvent faire au milieu des
feuilles lèches, où fur le gravier en fe tournant & en
fe retournant, parce que naturellement paifibles lorfqu’on
ne les attaque point, ils ne cherchent alors qu’à
(a ) "Voyez particulièrement l’article de la couleuvre commune,
Serpens , Tome IL E