marrons, qui, fuivaiit Kalm, fe nourriffent, fans inconvénient
, du Boiquira, dreffent leurs foies dès quils
peuvent le fentir, fe jettent fur lui avec avidité, &
font garantis, dans certaines parties de leur corps, du
danger de fa morfure, par la rudelfe de leur poil, la
dureté de leur peau, & l’épailfeur de leur graiffe (a).
Lorfque le printemps eft arrivé dans les pays élevés
en latitude, & habités par les Boiquira , que les neiges
font fondues, & que fair eft réchauffé , ils fortent
pendant le jour de leurs retraites, pour aller s’expofer
aux rayons du foîeil. Ils rentrent pendant la nuit dans
leurs afyles, & ce n’eft que lorfque les gelées ont entièrement
cefl'é , qu’ils abandonnent leurs cavernes , fe
répandent dans les campagnes , & pénètrent quelquefois
dans les maifons. On ofe obferver le temps où ces
animaux viennent fe chauffer au foleil , pour les
attaquer & en tuer un grand nombre à-la-fois,
(a) Le Boiqiiira eft très-vivace, ainfi que lés autres Serpens ;
M, Tyfon rapporte que celui qu’il diiïéqua , vécut quelques jours
après que fa peau eut été déchirée & qu’on lui eut arraché la plupart
de fes vifcères. Pendant ce temps fes poumons qui f vers le devant
du corps , étoient compofés de petites cellules , comme ceux des grenouilles
, fe terminoient par une grande velîïe tranfparente & forte,
& avoiént près de trois pieds de longueur , ne fe dilatèrent & ne fe
contractèrent point alternativement, mais demeurèrent enflés & remplis
d’air jufqu’au moment où l'animal expira. /Tranf-phïlof N ° 144.
Pendant l’été5 ils habitent au milieu des montagnes
élevées, compofées de pierres calcaires, incultes ,& couvertes
de bois, telles que celles qui font voifines de
la grande chûte d’eau de Niagara. Us y choifîffent ordinairement
les expofitions les plus chaudes & les plus
favorables à leurs chaffes; ils préfèrent le- coté méridional
d’une montagne, & le bord d’une fontaine ou
d’un ruiflèau, habités par des grenouilles, & où viennent
boire les petits animaux , dont ils font leur proie. Ils
aiment auffi à fe mettre de temps-en-temps à l’abri,
fous un vieux arbre renverfé, & voilà pourquoi,
fuivant Kalm, les Américains qui Voyagent dans les
forêts infeftées de Serpens à fonnette, ne franchiffent
point les troncs d’arbres couchés à terre, qui obftruent
quelquefois le pafîage; ils aiment mieux en faire le
tour, & s’ils font obligés de les traverfer, ils fautent
fur le tronc du plus loin qu’ils peuvent, & s’élancent
enfuite au-delà.
Le Boiquira nage avec la plus grande agilité ; il
fîllonne la furface des eaux avec la vîteffe d’une flèche.
Malheur à ceux qui naviguent fur de petits bâtimens,
auprès des plages qu’il fréquente ! Il s’élance fur les
ponts peu élevés (a); & quel état affreux que celui où
tout efpoir de fuite eft interdit, où la moindre morfure
(13) V o y e z , à ce fujét, Kalm, Ouvrage déjà cité.