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caffantes par leur nature , comme celles de prefque
tous les petits Serpens, <Sc des petits lézards, & que
fes mufcles font compofés de fibres qui peuvent aifé-
ment fe féparer. C’eft cette propriété de l’Orvet, qui
l’a fait appeller par M. Linné , Anguis fragile, &
qui l’a fait nommer par d’autres Auteurs Serpent de
Verre. •
On vient de voir que l’Orvet fe trouve eh Suède :
il habite aulfi l’Ecofle (a) ; & , d’après cela , il paroît
qu’il ne craint pas le froid autant que la plupart des
Serpens, quoiqu’il foit en afl'ez grand nombre dans
la plupart des contrées tempérées & même chaudes
de l’Europe ; il a ‘ pour ennemis ceux des autres Serpens
, & particulièrement les cicognes (£) qui en font
leur proie d’autant plus aifément, qu’il ne peut leur
oppoïer ni venin , ni force , ni même un volume
confidérable.
Il s’accouple comme les autres Reptiles; le mâle & la
femelle s’entortillent l’un autour de l’autre, fe ferrent
étroitement par plufieurs contours & pendant un temps
allez long. On a vu des Orvets demeurer ainfi réunis
pendant plus d’une heure (c j. Les petits Serpens de
(a) Sibbald, à ïendroit déjà cité.
(b ) Schwenckfeld , Hifloire des Reptiles de la Siléfie.
( c ) Notes manufcrites communiquées par M. de Sept-Fontaines.
d e s S e r p e n s . 4 3 5
cette efpèce n’éclofent pas hors du ventre de leur mère
comme la plupart des Couleuvres non venimeufes; mais
ils viennent au jour tout formés (a). Un très-bon Obfer-
vateur (f) ayant ouvert deux femelles, trouva dix Serpenteaux
dans une qui ëtoit longue de treize pouces, & fept
dans 1 autre qui n’avoit qu’un pied de longueur. Ces petits
Serpents étoient parfaitement formés. Ils ne différoient
de leur mère que par leur grandeur, & par leurs couleurs
qui etoient plus foibles ; les plus grands avoient
■ vingt & une lignes, & les plus petits dix-huit lignes de
longueur. Le temps de la portée des Orvets eft au
moins d un mois, & M. de Sept-Fontaines, que nous
venons de citer , s’en eft alluré en gardant chez lu i,
une femelle qui ne mit bas qu’un mois après avoir été
prife : elle ne parut pas grolfir pendant fa captivité (c).
CLeft ordinairement aprèsles premiers jours de Juillet,
que 1 Orvet paroît revêtu d’une peau nouvelle dans les
Provinces feptentrionales de France. Son dépouillement
s’opère comme celui des Couleuvres ( 4) , il quitte fa
' (.a) Ray, à ïendrôit déjà cité ; & Notes manufcrites de M. de Sept-
Fontaines.
(b) M. de Sept-Fontaines.
( c) Lettre de M. de Sept-Fontaines à M. le Comte de la Cepède,
du 7 Décembre 1788.
(d) Voyez l’article de k Couleuvre d’Efcukpe.