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les yeux font gros, ronds, & placés fur les côtés de
l'a tête; & l’on vo it, à l’extrémité du mufeau , un
petit prolongement écailleux, un peu relevé, & com-
pofé d’une feule pièce qui paroît comme pliffée. C’eft
apparemment de ce prolongement, que Catelby a
voulu parler, lorfqu’il a dit que le Serpent dont il eft
ici queftion, avoit le nez retroufle; & c eft peut-être
en faifant allufion. à l’air fingulier, que cette conformation
donne à ce Reptile, que M. Linné l’a défigné
par le nom de MyMrifâns, qui lignifie moqueur.
■ Les deux mâchoires font garnies de fortes dents,
qui ne diftillent aucun poifon , fuivânt Gronovius ;
Catelby dit auffi que la Naiïque n’eft point dangereufe,
& nous n’avons trouvé de crochets mobiles , dans aucuns
des individus de cette efpèce que nous avons examinés.
Cependant nous devons prévenir que M. Linné a écrit
qu’elle étoit venimeüfe. Le delïbus de la tête eft blanchâtre
, & toutes les autres parties de ce .Serpent, pré-
fentent communément une couleur verdâtre, relevee
par quatre raies blanchâtres, qui s’étendent de chaque
côté du corps, prefque jufqu’à l’extrémité de la queue,
& par deux autres raies longitudinales placées fur
le ventre (a). Les écailles du dos font rhomboïdales &
unies ; ordinairement la queue n’eft pas auffi longue
' (fl) Il paroît que la diftïibution des couleurs de la Nafique Varie
allez fouvent.
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que la moitié du corps, qui eft très-mince en proportion
de fa longueur. L ’individu que nous avons décrit ,
& qui eft conlervé au Cabinet du R o i, ix’avoit, en
quelques endroits de fon corps ', que cinq ou fix lignes
de diamètre , & cependant il avoit quatre pieds neuf
pouces de longueur (a). Nous avons compté cent
foixante-treize grandes plaques fous fon corps, & cent
cinquante-fept paires de petites plaques fous fa queue.
On a écrit que , malgré fa petiteffe , la Nafique
fe nourrifloit de rats (b) ; mais quoique fon gofier
& fon eftomac puilfeftt s’étendre aifément, ainfi que
ceux des autres Serpens, nous avons peine à croire
qu’elle puifie dévorer des rats, même les plus petits;
elle doit vivre de fcarabées ou d’autres infeètes ,
dont on a dit en effet qu’elle faifoit fa proie ; &
elle les faifit avec d’autant plus de facilité, que, fui-
vant Catelby, elle paffe fa vie fur les arbres, cachée
fous les feuilles & entortillée autour des rameaux ,
quelle peut parcourir avec rapidité. Elle n’attaque point
l’homme , & on la trouve dans l’Ifle de Ceylan,1 en
Guinée, ainfi que dans la Caroline , & plufieurs autres
contrées chaudes du nouveau Monde.
( a. ) La queue étoit longue d’un pied onze pouces.
( b ) Séba , vol. z , p l. g. 4.