4 X2 H i s t o i r e N a t v r e z z e
agitant fa queue, & faifant entendre fon fifïlement
funefte (a).
Un animal qui ne paroît né que pour détruire ,
devoit-il donc auffi fentir les feux de l’amour ? Mais la
même chaleur qui anime tout fon être, qui exalte fon
venin, qui ajoute à fes forces meurtrières, doit rendre
auffi plus v if le fentiment qui le porte à fe reproduire.
Il ne pond qu’un affez petit nombre d’oeufs; mais,
comme il vit plulieurs années, l’efpèce n’en eft que
trop multipliée.
Pendant l’hiver des contrées un peu éloignées de
la ligne, les Boiquira fe retirent en grand nombre dans
des cavernes où ils font prefque engourdis & dépourvus
de force. C’eft alors que les Nègres & les Indiens ofent
pénétrer dans leurs repaires pour les détruire, & même
s’en nourrir; car, malgré le dégoût l’horreur que
ces Reptiles infpirent, ils en mangent, di t -on, la
chair (b) , & elle n e les incommode pas, pourvu que
(a) « C’ait pendant le temps couvert & pluvieux qu’ils font le
» plus à craindre ; alors il eft rare que les Américains voyagent dans
„ les bois : les bonnettes qui font beaucoup de bruit lôrfque le foleil
u luit, n’en font pas pendant la pluie. C’eft peut-être parce que les
» cartilages mouillés font plus mous & moins -ékftiques. » Kdm ,
Mém. de l’Acad. de Suède , Coll, académ. partie étrangère, tom. i l ,
p . 9 3 & fu iv .
(b) Ils mangent auffi fa graille, que l ’on fait fondre au foleib, &
le Serpent ne fe foit pas mordu lui-même. Voilà
pourquoi, a -t -o n ajouté, il faut tuer promptement
le Boiquira, lorfqu’on veut le manger : il faut lui donner
la mort avant qu’il ne s’irrite, parce qu’alors il fe
mordroit de rage. Mais, comment concilier cette affer-
tion avec le témoignage de ceux qui prétendent qu’on
peut manger impunément les animaux que fa morfure
fait périr, de même que les Sauvages fe nourriffent,
fans aucun inconvénient, du gibier qu’ils ont tué avec
leurs flèches empoifonnées ? Cette dernière opinion
paroît d’autant plus vraifemblable que le Boiquira fem-
bleroit devoir fe donner la mort à lui-même, fi la chair
des animaux, percés par fes croohets , devenoit veni-
meufe par une fuite de fa morfure.
Les Nègres faillirent le Boiquira auprès de la tête,
& il ne lui refte pas allez de vigueur, dans le temps
du froid, pour fe défendre ou pour leur échapper. II
devient auffi la proie de Couleuvres affez fortes, qui
doivent le failir de manière à n’en être pas mordues (a),
& l’on doit fuppofer la même adreffe dans les cochons
dont on tire txrre huile très-bonne , dit-on, contre les meurtrilïures
& même contre les effets de fa morfure. Kalm. On a auffi employé
cette graille pour diffiper plulieurs douleurs , & particulièrement
celles de feiatique, ainfi que pour fondre les tumeurs. Hemande{ ,
hiß. naturelle du Mexique , liv- g > chap. i j . .
( a ) Voyez l'article de la Couleuvre Lien,