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font les plus frappantes & les plus extraordinaires, peut
donc nous conduire quelquefois à des vérités importantes
, en nous montrant de nouvelles applications
des forces de la Nature , & par conféquent en nous
découvrant une plus grande étendue de fes loix.
Lorfque, en comparant la durée de ces réfultats
extraordinaires avec celle des réfultats les plus communs
, on cherchera combien la réunion ou le défaut
de plufieurs caufes particulières influe , non-
feulement fur la grandeur des effets, mais encore fur
la longueur de leur exiftence, on trouvera prefque
toujours que les. monftres fubfiftent pendant un temps
moins long que les êtres ordinaires avec lefquels ils
ont le plus de rapports , parce que les circonftances
qui occafionnent la réunion ou la féparation des diverfès
forces dont réfulte la monftruofité, n’agiflent prefque
jamais également & en même proportion dans tous
les points de l’être monftrueux qu’elles produifent ;
& dès-lors fes differens refîorts n’ayant plus entr’eux
des rapports convenables, comment leur jeu pourroit-il
durer auffi long - temps ?
Rien ne pouvant garantir les Serpens de l’influence
plus ou moins grande de toutes les caufes qui
modifient l’exiftence des êtres vivans , leurs diverfes
efpèces doivent préfenter & préfentent, en effet, comme
celles des autres ordres, non - feulement des variétés
de couleurs, confiantes ou paffagères, produites.par la
température, les accidens de l’atmofphère ou d’autres
circonftances particulières, mais encore des monftruo-
fités occafionnées par ce qu’ils éprouvent, foit avant
d’être renfermés dans leur oeuf, & pendant qu’ils ne
font encore que d’informes embryons, foit pendant
qu’ils font enveloppés dans ce même oeuf ou après qu’ils
en font éclos, & qu’étant encore très-jeunes, leur
organifation eft plus tendre <$t plus fufceptible d’être
altérée. Mais, comme ils n’ont ni bras ni jambes, ils
ne peuvent être, à l’extérieur, monftrueux par excès
ou par défaut que dans leur tête ou dans leur queue ;
& voilà pourquoi, tout égal d’ailleurs, on doit moins
trouver de Serpens monftrueux que de quadrupèdes,
d’oifeaux, de poiflbns, &c.
Il arrive cependant aflez fouvent que, lorfque les
Serpens ont eu leur queue partagée en long par
quelque accident, une portion de cette queue fe
recouvre de peau, demeure feparée , & forme une
fécondé queue quelquefois conformée en apparence
auffi bien que la première, quoiqu’une feule de ces
deux queues renferme des vertèbres, ainfi que nous
l’avons vu pour les lézards. Mais cette efpèce de
monftruofité , produite par une divifion accidentelle,
eft moins remarquable que celle que l’on a obfervée
dans quelques Serpens, nés avec deux têtes. L’exemple
dune monftruofité femblable, reconnue dans prefque
tous les ordres d’animaux, empêeheroit feul qu’on ne