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fe cacher davantage , ou continuent fans crainte leurs
mouvemens accoutumés.; mais fi on les effraie ou les
irrite par un féjour trop long dans leurs repaires ,• on
entend autour de foi leurs fifflemens aigus ; & fi l’on
peut appercevoir les objets à 1 aide de la foible clarté
qui parvient dans la caverne, on voit un grand nombre
de têtes fe dreffer au-deffus de plufieurs corps, écailleux,
entortillés & preffés les uns contre les autres ,
& tous les Serpens faire briller leurs yeux &. agiter,
avec vîtefle , leur langue déliée.
Telle eft l’efpèce de fociété dont ces animaux font
fufceptibles; mais,-dépourvus de mains & de pieds ,
ne pouvant rien porter quavec leur gueule, ils font
plufieurs -enfemble fans que leur union produife jamais
aucun ouvrage combiné , fans que leurs efforts
particuliers tendent à un refultat commun, fans qu ils
-cherchent à rendre leur retraite plus commode ; &.
peut-être eft-ce par une fuite de ce defaut de concert
dans leurs mouvemens , qu’on ne les voit point fe
réunir contre les ennemis qui les attaquent ni chaffer
en commun une proie dont ils viendroient plus aifç-
ment à bout par le nombre.
Ils éprouvent pendant l’hiver des latitudes elevees,
un engourdiffement plus ou moins profond & plus ou
moins long , fuivant la rigueur & la durée du froid :
ce ne font guère que les petites efpèces qui tombent
dans cette torpeur, parce que les très-grands Serpens
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Vivent dans la Zone torride où les faifons ne font
jamais affez. froides pour diminuer leur mouvement
v ita l, au point de les engourdir.
Ils fortent de leur fommeil annuel, lorfque les premiers
jours chauds du printems fe font reffentir ; mais ce qui
peut paraître fingulier, c’eft qu’ainfi que les Quadrupèdes
ovipares, & prefque tous les animaux qui paffent
le tems du froid dans un état de fopeur, ils fe réveillent
de leur fommeil d’hiver, lorfque la température eft
encore moins chaude que celle qui n’a pas fuffi, vers la
fin de l’automne, pour les tenir en aélivité. On a obfervé
que ces divers animaux fe retiraient fouvent pendant
l’automne dans leurs afyles d’hiver, & s’y engourdif-
foient à une température égale à celle qui les ranimoit
au printems. D’où vient donc cette différence d’effets
de la chaleur du printems & de celle de l’automne ?
Pourquoi, vers la fin de l’hiver -, le même degré de
chaleur produit - il un plus haut degré d’aélivité dans
les animaux ? C’eft que la chaleur du printems n’eft
point le feul agent qui ranime alors & mette en mouvement
les animaux engourdis. Dans cette faifon, non-
feulement l’atmofphère commence à être pénétrée de
chaleur ; mais encore elle fe remplit d’une grande
quantité de fluide éleétrique qui fe diffipe avec les_
orages de l’été ; & voilà pourquoi on n’entend jamais,
pendant l’automne, un auffi grand nombre d’orages ni
des coups de tonnerre auffi violens, quoique quelquefois
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