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efpace étendu ; &. la prunelle pouvant aifément fe
dilater & fe contrarier , admet un grand nombre
de rayons lumineux, ou arrête ceux qui nuiraient
à ces organes ( a J-. Leur vue doit donc • ;être &
eft en effet très-perçante. Leur goût peut d’ailleurs
être affe^ a é lif,' leur langue étant déliée & fendue de
manière à fe coller aifément, contre les corps favou^
reux (b) ; leur toucher même doit:être affez fort ; ils
ne peuvent pas , à la vérité appliquer immédiatement
aux différentes furfaces , la partie fenfible de leur
çorps ; ils ne peuvent recevoir par le tacl l’iropreffiop
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(a) Lorfque la j^rune-He eft refTerrce, elle eft trçs-alongée, comme
dans les chats , les ojfeaux de proie - de nuit, &c, & elle forme line
fente horizontale dans certaines efpèces , & verticale dans d’autres ,
quand la tête du Serpent eft parallèle à l’horizon,
* (b) Elle eft ordinairement étroite , mince, déliée , & compofée de
deux corps longs & ronds, réunis enfemble dans les deux tiers de leur
longueur. Pline a écrit qu’elle étoit fendue en trois *, elle peut le
paroître lorfque le Serpent l’agite vivement, mais elle ne i’eft réelle?
ment qu’en deux. Pline, Liy. I I •> Çhap. 65. Dans la plupart des
elpèces, elle eft renfermée prefquVn entier dans un fourreau y
d’où l’animal peut la faire fortir en l’alongéant \ il peut même la
darder hors de fa gueule fans remuer fes mâchoires & fans les:
féparcr l’une de l’autre , la mâchoire fijpérieure ayant, au-deffous du,
mufeau y une petite échancrure par où la langue peut palier , & par
où , en effet ,• on voit fouvent déborder les deux pointes de cet
organe , même ejans l’état de repos du Serpent,.
D E S S È R P E N S. 31
des objets qui les environnent, qu’au travers des dures
écailles qui les revêtent ; ils n’ont point de membres
divifés en plufieurs parties , des mains, des pieds, des
doigts féparés les uns des autres, pour embraffer étroitement'ces
mêmes objets ; mais comme ils peuvent
former facilement plufieyrs replis autour de ceux qu’ils
faififfent ; qu’ils les touchent, pour ainfi dire, par une
forte de main compofée d’autant de parties qu’il y a
d’écailles dans le deffous de leur corps , & que par-là
ils doivent avoir un toucher plus parfait que celui dé
beaucoup d’animaux & particulièrement des Quadrupèdes
ovipares, nouspenfons qu’ils font plus fenfibles que
ces derniers &. qu’ils ne cèdent en activité intérieure
qu’aux Quadrupèdes'vivipares & aux oifeaux. D’ailleurs
l’habitude d’exécuter avec facilité des mouvemens agiles
& de s’élancer avec, rapidité à d’affez grandes diftances ,
ne doit-elle pas leur faire éprouver dans un tems très-
courtun grand nombre defenfàtions qui remontent, pour
ainfi dire, les refforts de leur machine , ajoutent à leur
chaleur intérieure , augmentent leur fenfibilité & pa r
confisquent leuf inftinct ? La patience avec laquelle ils
favent attendre pendant très-long-tems dansfune immobilité
prefque abfoluèQ lè moment de 1e jeter fur
leur proie , la colère qu’ils paroiffent éprouver lorsqu'on
les attaque , leur fierté lorfqu’ils fe redreffent vers
ceux qui s’oppofent à leur paffage , ,1a hardieffe avec
laquelle ils s’élancent même, contre les ennemis qui