154 H i s t o i r e N a t û r e L z e
Il rampe fur la terre avec une très-grande vîtefîe ;
il nage auffi , mais avec plus de difficulté qu’on ne
l’a cru (a). Pendant que l’été règne , il vit fouvent
dans les endroits humides , ainfi que nous l’avons d it,
mais on le trouve quelquefois dans les builfons ; d’autres
fois il fe place fur les branches lèches & élevées des
chênes, des faules, des érables, fur les faillies des vieux
bâtimens , fur tous les endroits expofés au midi , &
où le foleil donne avec le plus de force ; il s’y replie
en divers contours ou s’y alonge avec une forte de
volupté , toujours cherchant les rayons de l’aftre de
la lumière , toujours paroiifant fe pénétrer avec délices
de fa chaleur bienfaifante ( b ) . Mais, lorfque la
fin de l’automne arrive , il fe rapproche des lieux les
moins froids, il vient auprès des maifons & fe retire
enfin dans des trous fouterrains à quinze ou vingt
pouces de profondeur , fouvent au pied des haies, &
prefque toujours dans un endroit élevé au-deffus des
plus fortes inondations ; quelquefois il s’empare d’un
{ a) « L'épithète de n a tr ix ou nageur, donnée au Serpent à coiffer,
jj ne lui appartient pas plus qu'aux autres animaux de fon ordre ; 3
jj nage effeéiivement, mais dans les occalïons forcées, & par une lutte
jj pénible qui bientôt l’épuife & le noie, jj Lettre de M , de Sept-
Fontaines.
(b) Ibid.
O S S S E R P B H S, 1 5 5
trou de belette ou de mulot, d’un conduit creufé par
une taupe (à) , d’un terrier abandonné par un lapin,
& il paffe dans l’engourdiffement la faifon du grand
froid (b ) . Lorfqu’il eft adulte, l’ouverture de fa
gueule , fon gofier & fon eftomac peuvent être très-
dilatés, ainfi que ceux des autres Serpens, & il fe
nourrit alors non-feulement d’herbes, de fourmis , &
d’autres infeétes, mais même de lézards, de grenouilles
& de petites fouris ; il dévore auffi quelquefois
les jeunes oifeaux , qu’il furprend dans leurs nids
au milieu des builfons, des haies, des branches de
jeunes arbres, fur lefquels il grimpe avec facilité ( c ) .
Non-feulement il fe fufpend aux rameaux parle moyen
des divers replis de fon corps , mais il s’accroche avec
fa tête ; & comme elle eft plus greffe que fon cou ,
il la place fouvent entre les deux branches d’une tige
fourchue , pour qu’arrêtée par fa faillie, elle lui feïve
comme d’une efpèce de crochet & de point d’appui.
Son odeur efl: quelquefois affez fenûble , fur-tout
(a) Lettre de M . de Scpt-Fontaines.
(b) « J'ai vu différentes fois des Sferpens à Colliçr trouvés pendant
» les naois de Janvier, de Février ou de Mars; ils ne pouvoient mou-
>j voir que la tête & l'extrémité de la queue, le relie du corps étoit
n roide & dans une inertie abfolue, » Ibid,
{ç) Il/jd.
a i)