temps (a). On prétend même que ces mufcles peuvent
exercer cette faculté avec allez de force pour
exprimer le venin de la vipère , ferrer fortement la
main de ceux qui manient la tête , faire pénétrer
jufqu’à leur fang le poifon de l’animal ; & , comme
lorfqu on coupe la tête à des vipères pour les employer
en Médecine , onia jette ordinairement dans le feu, on
allure que plulieurs perfonnes ont été mordues par
cette tête, perdue dans les cendres , même quelques
heures après fa féparation du tronc , & quelles ont
éprouvé des accidens très-graves (6).
(a) ci L on voit que lés efprits demeurent encore plulieurs heures
« dans la tête & dans toutes les parties du tronc, après qu’il a été
» écorché, vidé de toutes fes entrailles , & coupé en pluiîeurs mor-
jj ceaux ; ce qui fait que le mouvement Sc le fléchilfement y con-
jj tinuent fort long-temps , que la tête eft en état de mordre , & que
jj fa morfure eft auflî dangereufe que lorfque la vipère étoit toute
jj entière -, & que le coeur même , quand il eft arraché du corps &
m féparé des autres entrailles , conferve fon battement pendant
jj quelques heures, jj Dejcription anatomique de la vipère , à F endroit
déjà cité.
(b) Plufîeurs perfonnes, maniant imprudemment des vipères, tant
Communes que d’autres efpèces , defléchées ou confervées dans l’efprit-
de-vin , fe font bleffées à leurs crochets, encore remplis de venin,
très-ïong-temps & même plufîeurs années après la mort de l’animal ;
le venin, diffous par le fang forti de la blefîure, s’eft échappé par
le trou de la dent, a pénétré dans la plaie & a donné la mort.
Il eft d’ailleurs allez difficile d’étouffer la vipère
commune ; quoiqu’elle n’aille pas naturellement dans
l’eau, elle peut y vivre quelques heures fans périr ;
lors même qu’on la plonge dans de l’efprit-de-vin ,
elle y vit ' trois ou quatre heures & peut-être davantage
, & non-feulement fon mouvement vital n’eft
pas alors tout-à-fait fufpendu , mais elle doit jouir
encore de la plus grande partie de fes facultés ,
puifqu’on a vu des vipères que l’on avoit renfermées
dans un vafe plein d’efprit-de-vin , s’y attaquer
les unes les autres & s’y mordre , trois ou quatre
heures après y avoir été plongées. Mais, malgré cette
force avec laquelle elles réfiftent, pendant plus ou
moins de temps, aux effets des fluides dans lefquels
on les enfoncé , ainfi qu’aux bleffures & aux amputations
, il paroît que le tabac & l’huile effentielle
jj Le venin de la vipère , dit M. l’Abbé Fon tan a , fe conferve pen-
jj dant des années dans la cavité de fa dent, fans perdre de fa
jj couleur ni de fa tranfparence -, fî on met alors dans de l’eau
» tiède cette dent, il fe diftout très-promptement & fe trouve encore
jj en état de tuer les animaux -, car d’ailleurs le venin de la vipère,
» féché & mis en poudre , conferve, pendant plufîeurs mois, fon
» aétivité, àinfî que je l’ai éprouvé plufîeurs fois d’après Rédi ; il
jj fuffit qu’il foit porté, comme à l’ordinaire , dans le fang, par
jj quelque blefîure ; mais il ne faut cependant pas qu’il ait été gardé
jj trop long-temps : je l’ai vu fouvent fans effet au bout de dix mois, jj
M. [Abbé Fontana, vol. i , p. £a.