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le ventre , & cinquante-trois paires de petites plaques
fous la queue (a).
La Couleuvre à collier ne renfermant aucun venin
(à ), on la manie fans danger ; elle ne fait aucun
effort pour mordre ; elle fe défend feulement en agitant
rapidement fa queue , & elle ne refufe pas plus
que la Couleuvre commune, de jouer avec les enfans.
On la nourrit dans les maifons, où elle s’accoutume
fi bien à ceux qui la foignent, qu’au moindre ligne ,
elle s’entortille autour de leurs doigts, de leurs bras ,
de leur cou , &. les prelfe mollement comme pour
leur témoigner une forte de tendrefle & de reconnoif-
fance. Elle s’approche avec douceur de la bouche de
ceux qui la carelfent ; elle fuce leur falive & aime
a fe cacher fous leurs vêtemens, comme pour s’approcher
davantage de ceux qui la chériflent. En Sardaigne,
les jeunes femmes élèvent les Couleuvres à collier
avec beaucoup de foin , leur donnent à manger elles-
mêmes , prennent le foin de leur mettre dans k
gueule la nourriture qu’elles leur ont préparée ; & les
habitans de la campagne les regardent comme des
(a ) Nous ivons compté foixante paires de petites plaques dans
quelques individus.
fi) Laurentij Speàmen Medicum, p. 18$.
animaux du meilleur augure , les lailfent entrer librement
dans leurs maifons, & croiroient avoir chaiï'é
la fortune elle-même, s’ils avoient fait fuir ces innocentes
petites bêtes (a).
Il arrive cependant quelquefois que lorfque la Couleuvre
à collier eft devenue très-forte, & qu’au-îieu
d’avoir été élevée en domefticité, elle a vécu dans
les champs & dans l’état fauvage , elle perd un peu
de fa douceur , & que fi on l’irrite en l’arrachant ,
par exemple, à fes jouilfances, elle anime fes yeux,
agite fa langue , fe redrefle avec vivacité, fait claquer
fes mâchoires, & ferre fortement avec fes dents,
la main qui cherche à la faifir (b).
La Couleuvre à collier dépole fes oeufs dans des
trous,expofés au midi, fur le bord des eaux croupif-
fantes , ou plus communément fur des couches de
fumier. Ces oeufs, qui font gros à-peu-près comme
( a ) Hijloire naturelle des Amphibies & des PoiJJbns de la Sardaigne ,
par M. F ranço is Cetti.
{ b ) Lettre de M . de S ept-Fontaines, Procureur-Syndic de la NobleJJc
en ÏAJfimblée du Département -de Calais p Montreuil & Ardres.
Nous aurons plusieurs fois occafion-de citer, dans cet Ouvrage, cet
Amateur très-éclairé de THiftoire Naturelle, qui la cultive avec fuc-
cès, & à qui nous devons particulièrement des obfervations très-inté-
reflantes & très-bien faites 3 fur la Couleuvre à collier & fur I Orvet.