§8 H i s t o i r e H b t v r e l z e
policées de 1 Amérique, & parmi les hordes fauvages
de l’Afrique, accrues par leur éloignement de leur
Serpent, feroitpuni aulïî rrgoureufement que s’il avoittué un homme -,
il regardoit les Serpens comme delcendus du C ie l, comme doués d’une
puilTance divine , & meme comme des divinités , puifqu’ils pouvoient
donner la mort en un inftant.
Des les tems les plus recules, le Serpent a été aulïî regardé par les
Indiens, comme le fymboîe de la lagefîe ; & leur religion avoit cont
r é cette idée. Mémoire manufcrit de feii M. Commerjon , fiir
i r4uTORRHj4-BjZH.DE , Commentaire du. CuASTA ou Si iASTAn.
le plus ancien des Livres facrés des habitons de tlndofian Side la Pref-
c u Jjle en deçà du Gange.
‘ 5 Les Egyptiens peignoient un Serpent, couvert détaillés de diffé-
» rentes couleurs, roulé fur lui-même. Nous favons, par l’interpré-
,5 tation qu Horus ApoHo donne des hiéroglyphes égyptien^, que ,
« dans ce ftyle , les écailles du Serpent défignoient les étoiles du ciel.
JJ On apprend encore, par Clément Alexandrin, que ces peuples
jj reprefentoient la marche oblique des aftres par les replis tortueux.
jj d’un Serpent. Les Egyptiens, les Perfes peignoient un homme
jj nud, entortille d un Serpent ; fur les contours du Serpent étoient
jj deffinés les figues du Zodiaque. C'efi ce qu’on voit fur différens
jj monumens antiques., & en particulier fur une repréfentation de
jj Mithras, expliquée par l’Abbé Bannier, & fur un tronçon de
jj flatue trouyé à Arles, en 1698. II n’eft pas douteux qu’on a voulu
jj repréfenter , par cet emblème , la route du foleil dans les douze
jj lignes, & fon double mouvement annuel & diurne, qui, en fe
jj combinant, font qu’il femble s’avancer d’un tropique à l’autre
jj par des lignes Ipiraïer. On retrouve cet hiéroglyphe jiifque chez
jj les Mexicains. Us ont leur cycle de 52 ans, reprêfenté par une
jj roue ; cette roue eft environnée d’un Serpent qui fe mord la queue
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origine , embellies par l’imagination , altérées par
l’ignorance à falfifiées par la fuperftition & par la crainte,
lui ont attiré les honneurs divins, tant dans l’Amérique
qu’au Royaume de Juida , & dans d’autres contrées,
où il a encore les Temples, fes Prêtres, fes viélimes;
& pour remonter de la confidération d’objets profanes
& du fpeélacle de la raifon humaine égarée , à la
contemplation des vérités facrées dictées par la parole * •
jj & par fes noeuds, marque les quatre divifîons du cycle.........Il eft
jj évident que les figures des conftellations, les caraétères qui défignent
jj les lignes du Zodiaque, & tout ce qu’on peut appeller la notation
jj aftronomiqiie, font les relies des anciens hiéroglyphes. Il eft remar-r
jj quable que les Chinois appellent les noeuds de la lune, la tête &
jj la queue du ciel, comme les Arabes difent la fête & la queue du dra-
• jj gon. Le dragon eft , chez lés Chinois , un animal célefte; ils ont
jj apparemment confondu ces deux idées......... U eft- encore fait
jj mention dans I’Edda , d’un grand Serpent qui environne la terré.
jj Tout cela a quelqu’analogie avec le Serpent, qui, par-tout, reprc-
jj fente le tems, & avec le dragon, dont la tête & la queue marquent
jj les noeuds de l’orbite de la lune, tandis que ce dragon caufe les
jj éclipfes. Mais-cette fuperftition, ce préjugé univerfel qui fe retrouve
jj en Amérique comme en Afie , n’indique-t-il pas une ïduree-com-
jj muiie , & ne placé-t-il pas même plus naturellement cette lource au
jj nord, où peut exilier la feule communication polïïble entre l’Afie
jj & 1 Amérique , & d’où les hommes ont pu delcendre facilement de
jj toutes parts vers le midi, pour habiter l’Amérique, la Chine , let
jj Indes, &c. ! jj M. B a illy , de l ’Académie françoife , de celle des
Sciences, & de celle des Inßriptions. Hiß. de l ’Agronomie ancienne ,
pag. r,iSH
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