r4 j & H i s t o i r e N a t v r e z i e
habitudes, dans ces propriétés, celles qui font confiantes,
& celles qui font variables. Parcourant, à l’aide de
l’imagination, les divers points du globe, pour y
reconnoître les differentes efpèces de Serpens, nous
n’avons jamais cefl'é, lorfque nous avons retrouvé la
même efpèce fous differens climats, de marquer, autant
qu’il a été en nous, l’influence de la température &
des accidens de l’atmofphère, fur fa conformation ou
fur les moeurs. Nous avons toujours voulu diftinguer
les facultés permanentes qui appartiennent .véritablement
à l’efpècé, d’avec les propriétés paflagères &
relatives produites par l’âge, par les circonftances des
lieux ou par celles des temps.
Il ne nous refte plus, pour donner de l’ordre des
Serpens, l’idée la plus étendue & la plus exaéle qu’il
foit en notre pouvoir de faire naître, que de mettre
un moment, fous les yeux , les grandes variétés auxquelles
les. individus peuvent être fournis; les écarts
apparens dont ils peuvent être l’exemple, les diverfes
monftruofités qu’ils peuvent préfenter.
Quelqu’ifolés que paroiffent ces objets, quelque
pafîàgers, quelqu’éloignés qu’ils foient des objets ordinaires
de l’étude du Naturalifte qui ne recherche que
les chofes confiantes, ne conlïdère que les efpèces,
& compte pour rien les individus, ils répandront une
nouvelle lumière fur l’enfemble des faits permanens
& généraux que nous venons de conûdérer.
Au premier coup-d’oeil, une monftruolïté pardît
une exception aux loix de la nature ; ce n’eft cependant
qu’une exception aux effets qu’elles produifent ordinairement.
Ces loix, toujours immuables comme l’effence
des chofes dont elles dérivent, ne varient ni pour les
temps, ni pour les lieux; mais, fuivant les circonftances
dans lefquelles elles agiffènt, leurs réfultats font accrus
ou diminués ; leurs diverfes aérions -fe combinent ou
fe défunifîent, Lorfque ces aérions fe joignent l’une à
1 autre, les produits qui avoient toujours été féparés
fe trouvent réunis, & voilà comment fe forment les
monftres par excès. Lorfqu’au contraire les. ■ différent
effets de ces loix confiantes fe féparent, pour ainfi
dire, & ne s’exécutent plus dans le même fujet, les
réfultats ordinaires des forces-de la nature font diminués
ou difparoiflènt, & voilà l’origine des monftres par
défaut.
Les monftres font donc des effets d’une compofîtion
ou d’une décompofition opérées par la nature, dans fes
propres forces, & qui, bien fupérieures à tout ce que
l’art pourrait tenter, peuvent nous dévoiler, pour ainfi
dire, le fecret de ces forces puiffantes &, meryeilleufes,
en les montrant fous de nouveaux points de vue; de
même que, par, la fynthèfe ou l’analyfe, nous découvrons,
dans les corps que nous examinons, de nouvelles
faces ou de nouvelles propriétés.
L ’étude des monftruofités;, fur-tout de celles qui