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lorfqu’ils s'écartaient de leur camp , & qu’on ne put
mettre à mort qu’en employant contre lui un corps
de troupes, 6t en l’écrafant fous les mêmes machines
militaires qui fervoient à ces vainqueurs du monde à
renverfer les murs ennemis. C’étoit auprès des plaines
fablonneufes d’Afrique qu’eut lieu ce combat remarquable;
le Serpent Devin fe trouve auffi dans cette
partie du monde; & comme c’eft le plus grand des
Serpens, c’eft un individu de fon efpèce, qui doit avoir
luté contre les armées Romaines. Ce mot de Rome
antique, défigne toujours la puiflance 6c la victoire ;
c’eft donc la plus grande preuve que l’on puiffe rapporter
en faveur de la force du Serpent dont nous écrivons
l’hiftoire, que d’expofer les moyens employés par les
conquérans de la terre, pour le foumettre 6c lui donner
la mort.
Le Devin eft remarquable par la forme de fa tête,
qui annonce, pour ainfi dire, la fupériorité de fa force,
6c que l’on a comparée, avec alfez de raifon, à celle
des chiens de chafle, appelés chiens couehans (a).
L e fommet en eft élargi; le front élevé 6c divifé par
un fillon longitudinal ; les orbites font faillantes, 6c
les yeux très-gros; le mufeau eft alongé, 6c terminé
par une grande écaille blanchâtre, tachetée de jaune,
(a ) Séta. — M. Laurent, &c.
placée prefque verticalement, 6c échancrée par le
bas pour lailfer pafler la langue; l’ouverture de la
gueule très-grande; les dents font très-longues ( a)
(a) te J’ai vu des Couleuvres Chaffeufes (des Devins) vivantes;
»j & d autres mortes, & leur ai trouvé des dents auffi großes que
» celles du meilleur levrier.. . . Quelles armes plus redoutables que
» leur vîteffe, jointe à l’opiniâtreté avec laquelle elles mordent !
jj Dans le temps que j’étois en Amérique , une de ces Couleuvres
jj failît un Laboureur par le talon & la cheville du pied ; comme il
jj étoit homme de courage , il fe failît du premier arbre qui fe pré-
jj (enta , & l’embralfa du mieux qu’il put en jetant des cris horribles;
» on accourut pour le fecourir, & le Serpent fe voyant prellé ,
jj ferra les dents , lui coupa le talon , & s’enfuit avec la vîteffe d’un
jj trait, jj Hiß. de (Orenoque , déjà citée , vol. 3 , p. -j6.
Cleyerus , ( Lettre déjà citée ) rapporte que, cherchant à avoir
le fquelette d’un de ces grands Serpens , fes domefliques en firent
cuire les chairs dans de l’eau où l’on avoit mis de la chaux vive:
Un d’eux voulant nettoyer la tête du Serpent dont la cuiffon
avoit détaché les chairs , fe blefla au doigt contre les grofles dents
de l’animal. Cet accident fut fuivi d’une enflure avec inflammation
dans la partie affeélée, d’une fièvre continue & de délire, qui ne
cefsèrent qu’après qu’on eut employé les remèdes convenables, &
particulièrement une compofition appellée lapis Serpentinus , 8c que
les Jefuites faifoient alors dans l’Inde. Toute véficule & toute chair
avoient été emportées par la chaux vive , obferve l’Auteur; par
conféquent on ne doit attribuer à aucune forte de venin les accidens
dont il parle ; & ce fait ne peut pas détruire les obfervations plu-
lïeurs fois répétées, qui prouvent que le Devin n’eft point venimeux :
d’ailleurs nous venons de voir que fa gueule ne renferme point de