36 H i s t o i r e N a t u r s i l S
la chaleur de ces deux faifons foit égale. Ce feu
éleétrique eft un des grands agens dont fe fert K
Nature pour animer les êtres vivans ; il n’eft donc pas
furprenant que lorfqu’il abonde dans l’atmofphère, les
animaux déjà mus par cette caufe puiffaîite, iraient
befoin , pour reprendre tous leurs mouvemens, que
d’une chaleur égale' à celle qui les laifferoit dans leur
état de torpeur, fi elle agiffoit feule. La plupart des
animaux qui ont affez de chaleur intérieure pour ne
pas s’engourdir, & l’homme même, éprouvent cette
différence d’aélîon de la chaleur du printems & de
celle de l’automne ; ils ont, tout égal d’ailleurs, bien
plus de forces vitales & d’aélivité intérieure dans le
commencement du printems, qu’à l’approche de 1 hiver,,
parce qu’ils font également fufceptibles d etre plus ou
moins animés par le fluide éleétrique dont 1 aétion eft
bien moins forte dans l’automne qu’au printems.
Quelque tems après que les Serpens font fortis de
leur torpeur, ils fe dépouillent comme les Quadrupèdes
o v ip a re s& revêtent une peau nouvelle ; ils fe:
tiennent de même plus ou moins cachés pendant que
cette nouvelle peau n’eft pas encore endurcie ( a ) ÿ
(a) L’on trouvera , à l’article de la couleuvre d’EfcuIape , l’expofi-
tron très-détaillée de la manière dont fe fait le dépouillement des.
Serpens..
s e s S e r p e n s .
mais le tems de leur dépouillement doit varier fuivant
les efpèces, la température du climat, & celle de la
faifon (a ) . C’efl: même dans les Serpens que les Anciens
(a) Ayant trouvé , près de Copenhague une grande quantité de
35 Serpens de l'cfpèce de ceux qu’on nomme Serpens d’EfcuIape y
35 parce qu’ils ne font pas dangereux & qu’ils n’ont point de venin ,
35 j’en pris quelques-uns en v ie , que je mis dans un panier , & que
>3 je fis porter dans mon cabinet. D’abord, pour plus grande fureté
3-3 je leur arrachai la petite langue déliée qu’ils dardent fans celle y
33 croyant alors, fuivant l’opinion, vulgaire , qu’ils pouvoient par-là
35 faire des bleflures mortelles -, mais devenu par la fuite plus hardi ,
35 je leur laifiai cette partie comme incapable de pouvoir faire le
35 moindre niai. Les Serpens à qui j’avois ôté la langue relièrent dans1
3-5 le panier, que i’avois rempli d’une terre molle & humide* pendant
» plus de trois jours, trilles & fans mouvement, à moins qu’on ne
35 les agaçât | mais ayant recouvré leur première vigueur , ils parcoi!-
55 rurent bientôt , fans aucune crainte, tous les recoins de mon
35 cabinet, fe retirant toujours , furie lo ir , dans le panier, je m’ap-
r> perçus, un jour, qu’un d’eux failoit les plus grands efforts pour fe
75 fourrer entre ce panier & le mur, contre lequel je l’avois placé $■
35 je le retirai donc un peu, pour obferver dans quelle vite ce Serpent
35 cherchoit ainfi des lieux étroits, & dans l’inftant il fe mit en de-
35 voir de fe dépouiller de fa peau , en commençant près de fa tête \
35 je m’approchai alors , & je l’aidai peu-à-peu à s’en débarrafîer. Co
35 travail fini, il fe retira dans fa boîte pendant quelques jours, Sc
75 jufqu’à ce que fa nouvelle peau écailleufe eût acquis une cronfifïance?
97 convenable. 55 Obferv. de George Segerus, Ephémérid. des Curieux
de la Nature * déc, 1 , an, 1. — Colkcî. acad. part, itrang, to;n. $ *
pag. u