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quelle efpèce étoit le Serpent dont cette dépouille
avoit fait partie. Il étoit évidemment du genre des
Couleuvres ; j ’ai compté les grandes & les petites plaques
5 j’ai trouvé cent foixante-feize grandes plaques
, & quatre -vingt - neuf paires de petites. La
Couleuvre verte & jaune ayant ordinairement deux
cens fix grandes plaques , & la Couleuvre à quatre
raies en ayant deux cens dix-huit, -j’ai cru ne devoir
pas leur rapporter le Serpent dont j’avois la dépouille
fous les yeux, d’autant plus que la Quatre-
raies a deux paires de petites plaques entre les grandes
plaques & l’anus , & que fur la dépouille , on ne
v o it, dans cet endroit, qu’une paire de petites plaques.
La Lifle & la Couleuvre à collier, m’ont paru
auffi avoir trop peu de rapports de conformation &
de grandeur avec le Serpent dont j’examinois la dépouille,
pour être de la même efpèce (a). Ainfi ,
parmi les diverfes Couleuvres obfervées en France ,
ce n’eft qu’à celle d’Efculape que j’ai cru devoir rapporter
ce Serpent. Il fe rapproche en effet beaucoup
de cette Couleuvre d’Efculape , par le nombre des
(a) Nous avons vu que îa Couleuvre à collier a ordinairement cent
foixante-dix grandes plaques & foixante paires de petites, & que la
Lille a quarante-lîx paires de petites plaques , & cent foixante dix-huit
grapdps plaques 6u écailles.
grandes
grandes & des petites plaques, par la forme des
écailles qui garniflent le dos, les côtés du corps, le
fommet de la tête & les mâchoires , par les proportions
des diverfes parties , & enfin par la grandeur ,
la dépouille que *M. de Faujas de Saint-Fond m’a
procurée , ayant quatre pieds cinq pouces de longueur
totale , & un pied quatre lignes depuis l’anus jufqu’à
l’extrémité de la queue. Je n’ai pu juger de la reffem-
blance ou de la différence des couleurs de. ces deux
Serpens, la dépouille étant très-mince , sèche , tranf-
parentë , & entièrement décolorée. Quoi qu’il en fo it,
l’objet intérefîànt n’eft pas de fa voir à qüel Reptile a
appartenu la dépouille trouvée dans la terre de
Saint-Fond , mais de prouver, par cette dépouille ,
la manière dont le Serpent a dû quitter fa vieille
peau.
Cette dépouille , quoiqu’entière, eft tournée à l’envers
d’un bout à l’autre ; elle préfente le côté qui
étoit l’intérieur lorfqu’elie faifoit partie de l’animal.
Le Reptile a dû commencer de s’en débarrafler par
la tête, n’y ayant pas d’autre ouverture que la gueule
par où il ait pu fortir de cette efpèce de fac. Lorsque
le Serpent exécute cette opération , les écailles
qui recouvrent les mâchoires font les premières qui
fe retournent en fe détachant du palais & en demeurant
toujours très-unies avec les écailles du défiais &
du defl'ous de la tête. Ces dernières fe retournent
Serpens , Tome I I . y