22 H i s t o i r e N a t v r e z l s
fur-tout vers les contrées froides, on ne trouve que
de très-petites efpèces de Serpens.
L ’on peut préfumer que ce n’eft pas la chaleur
feule qui leur eft néceffaire ; nous fournies alfez portés
à croire que, fans une certaine abondance de feu
éleélrique répandu dans l’atmofphère, tous leurs relforts
ne peuvent pas être mis en jeu avec avantage, &
qu’ils ne jouifl'ent pas par conféquent de toute leur
adlivité. Il femble que les tems orageux, où le fluide
éleélrique de l’atmofphère eft dans cet état de
diftribution inégale qui produit les foudres , animent
les Serpens au-lieu de les appefantir, ainfi qu’ils abattent
l’homme 6c les grands Quadrupèdes ; c’eft principalement
dans les contrées très- chaudes que la chaleur
plus abondante peut en fe combinant, produire une
plus grande quantité de fluide éleélrique ; c’eft en effet
vers ces contrées équatoriales que le tonnerre gronde
le plus fouvent 6c avec le plus de force ; & voilà donc
deux caufes, l’abondance de la .chaleur, 6c la plus
grande quantité de feu éleélrique, qui retiennent les
grandes efpèces de l’ordre des Serpens aux environs de
l’équateur 6c des tropiques.
On a écrit mille abfurdités fur l’accouplement des
Serpens : la vérité eft que le mâle 6c la femelle, dont
le corps eft très-flexible, fe replient l’un autour de
l’autre, 6c fe ferrent de fi près qu’ils paroiffent ne former
qu’un feul corps à deux têtes. Le mâle fait alors fortir
d e s S e r p e n s . 23
par fop anus les parties deftinées à féconder fa femelle,
6c qui font doubles dans les Serpens, ainfi que dans
plufieurs Quadrupèdes ovipares, 6c communément cette
union intime eft longuement prolongée ( a ) . ,
Tous les Serpens viennent d’un oeuf, ainfi que les
Quadrupèdes ovipares, les oifeaux 6c les poiffons ; mais,
dans certaines efpèces de ces reptiles, les oeufs éclofent
( a ) Sans cette durée de leur 'accouplement, il feroit fouvent infécond
; ils n’ont point', en effet, de véficule féminale , & il paroît
que c’eft dans-cette efpèce de réfervoir que la liqueur prolifique des
animaux doit fe rafîembler , pour que, dans un court efpace de tems ,
iis puiflent en fournir une quantité fuffifante à la fécondation : les
tefticules où cette liqueur fe prépare , ne peuvent la laifler échapper
que peu-à-peu ; & d’ailleurs- les Conduits par où elle va de ces tefticules
aux organes de la génération , étant très-longs , très-étroits , &
plufieurs fois repliés fur eux-mêmes ,*: dans les Serpens, il n’eft pas
fürprenant qu’ils aient befoin de demeurer long-tems accouplés pour
que la fécondation puilfe s’opérer. Il en eft de même des tortues & des
autres Quadrupèdes ovipares, qui, n’ayant pas non plus de véficule
féminale, demeurent unis pendant un tems allez long ; & cette union
frès-prolongée , eft, en quelque forte , forcée dans les Serpens, par
"une fuite de la conformation de la double verge du mâle -, elle eft
garnie de petits piquans tournés en arrière, & qui doivent fervir à
l’animal à retenir .fa femelle , & peut-être à l’animer. Au relie, l’im-
preffion de ces aiguillons ne doit pas être très-forte fur les parties
fexuelles de la femelle , car elles font prefque toujours cartilagineufes.
On peut confulter, à ce fujet, dans les Tranfaélions philofophiques :,
N-° 144, les Obfervations de M. Tyfon, célèbre Anatomifte, dont
nous adoptons ici l’opinion.,
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