4 1 (> H i s t o i r e N a t v r e z z e
de l’ennemi que l’on doit combattre donne la mort
la plus prompte, où il faut vaincre en un inftant, ou
périr dans des tourmens horribles.
Le premier effet du poifon eft une enflure générale;
bientôt la bouche s’enflamme, <$t ne peut plus
contenir la langue devenue trop gonflée; une foif dévorante
confume; & fi l’on cherche à l’étancher, on
ne fait que redoubler les tourmens de fon agonie. Les
crachats font enfanglantés ; les chairs qui environnent
la plaie fe corrompent & fe diflolvent en pourriture;
& fur-tout fi c’eft pendant l’ardeur de la canicule,
on meurt quelquefois dans cinq ou dix minutes, fuivant
la partie où on a été mordu (a). On a écrit que les
Américains fe fervoient, contre la morfure du Boiquira,
d’un emplâtre compofé avec la tête même du Serpent
écrafé. On a prétendu auffi qu’il fuit les lieux où
croît le diétame de Virginie, & l ’on a eflayé de fe
fervir de ce diélame comme d’un remède contre fon
venin (h) ; mais il paroît que le véritable antidote,
que les Américains ne Youloient pas découvrir, & dont
(a) Voyez M. Laurent.
(b) On l i t , dans les Tranfa&ions philofophiques i année 166 ;,
qu’en Virginie , en 1657 , au mois de Juillet, on attacha au bout
d'une longue baguette des feuilles de diétame que l’on avoit un peu
broyées, % qu’on les approcha du mufeau d’un Serpent à fonnette,
le fecret
d e s S E R p s ir s. 41 y
le fecret leur a été arraché par M. Teinnint, Médecin
Ecoflois, eft le poligale de Virginie, Sénéka ou Sénéga
(polygama SenegaJ ( a ) . Cependant il arrive quelquefois
que ceux qui ont le bonheur de guérir, reffentent
périodiquement, pendant une ou deux années, des douleurs
très - vives, accompagnées d’enflure ; quelques-
uns même portent toute leur vie des marques de leur
cruel accident, & relient jaunes ou tachetés d’autres
couleurs.
Le Capitaine Hall ( b ) fit, dans la Caroline, plufieurs
expériences touchant les effets de la morfure du Boiquira
fur divers animaux; il fit attacher à un piquet
un Serpent à fonnette , long d’environ quatre pieds.
Trois chiens en furent mordus; le premier mourut
en quinze fécondés; le fécond, mordu peu de temps
après, périt au bout de deux heures dans des convul-
fions; le troifième, mordu après une demi - heure,
n’oflrit d’effets vifibles du venin , qu’au bout de trois
heures.
Quatre jours après, un chien mourut en une demiqui
fe tourna & s’agita vivement comme pour ,les éviter , mais qui
mourut avant une demi-heure , & parut n’expirer que par l’effet de
l’odeur de ces feuilles.
(a) M. Linné & M. Laurent.
| (3 ) Tranfatlions philofiphiquts.
Serpens , Tome II. OP OPO P