l 6o H i s t o i r e N a t<u R s x t s
eft bleuâtre , mêlé de roux vers les côtés du corps
où l’on remarque auffi quelques taches. Les plaques
qui revêtent le deffous du corps & de la queue, font
très-polies, très-luifantes, un peu tranfparentes , blanchâtres
, & prélentent des taches roufles, ordinairement
d’autant plus grandes quelles font plus près de l’anus ( aJ;
& les jeunes individus ont quelquefois le deffous du corps
& la queue d’un roux très-vif qui approche du rouge.
La Liffe paroît aimer les endroits humides; on la
trouve communément dans les vallons ombragés. Il eft
quelquefois aifé de l’irriter, lorfqu’elle eft dans l’état
fauvage ; mais en la prenant jeune, on parvient aifément
à la rendre très-douce & très-familière, & on eft d’autant
moins fâché de la voir dans les maifons, qu’elle ne
répand point de mauvaife odeur fenfible, au moins dans
les contrées un peu froides. Elle n’a point de crochets
mobiles ; elle ne contient aucun venin, & M. Laurent
s’en eft alluré en éprouvant les effets de fa morfure, fur
des chiens, des chats & des pigeons (b).
La Liffe fe trouve non-feulement en Europe, mais
(a) Les grandes plaques font communément au nombre de cent
foixante-dix-huit , & les paires de petites plaques-, au nombre de
quarante-lïx.
. (b) Lauienti, Specimen Medicum, p. 186.
dans
dans les Indes occidentales & dans les grandes Indes, d’où
un individu de cette efpèce a été envoyé pour le Cabinet
du Roi. M. Laurent regarde, avec raifon , comme
une variété de cette efpèce, une Couleuvre dont Seba
a donné la-figure ( vol. I , pl. 52 , fig. 4 ) , &- qui en
différait un peu par la couleur rouge du dos, en fuppofant
que cette teinte ne fût pas un effet de l’efprit-de-vin fur
l’individu décrit par Séba. Nous aurions regarde aulîi
comme une couleuvre Liffe, le Serpent dont Gronovius
a parlé (n. 2 2 ) (a), que Séba a fait repréfenter ('vol. 2,
pl. 3 3 , fig. 1 ) , & qui a de très-grands rapports avec ce
reptile, fi M. Laurent, qui a obfervé la Liffe vivante,
n’avoit dit expreffément qu’elle étoit tres-differente de
ce Serpent de Gronovius.
M. Cetti a fait mention d’une Couleuvre de Sardaigne,
appellée viper,a di Secco, vipère de terre. Elle infpire
une grande frayeur aux habitans de la campagne ,
quoiqu’elle ne foit pas venimeufe ; elle n a point de
.crochets mobiles ; fa longueur eft de plus de trente
pouces; le deffous de fon corps eft noirâtre, & le defffis
.tacheté de noir, comme le dos de la vipère commune,
( fl ) Ce Serpent, décrit par Gronovius , avoit cent foixante-qua-
torze grandes plaques , & foixante paires de petites,
Serpens , Tome I I , K