gisement, aux roches des plus riches mines de Schemnitz ou
de la Nouvelle-Espagne, et qui néanmoins se trouvent entièrement
dépourvus de métaux. C’est presque le cas de tous les
porphyres de transition (et des roches trachytiques) de l’Amérique
méridionale. Les grandes exploitations du Pérou, celles
de Hualgayoc ou Chota, et de Llauricocha ou Pasco, ne sont
pas dans le porphyre, mais dans le calcaire alpin. Dans la république
de Buénos-Ayres, le fameux Cerro del Potosi est composé
de thonschiefer (de transition?) recouvert de porphyre qui
contient des grenats disséminés.
Si les grands dépôts argentifères et aurifères qui font depuis
des siècles la richesse de la Hongrie et de la Transylvanie, se
trouvent uniquement au milieu des syénites et des grünstein
porphyriques, il ne faut point en conclure qu’il en est de même
dans la Nouvelle-Espagne. Sans doute les porphyres mexicains
ont offert des exemples isolés d’une prodigieuse richesse. A
Pachuca , le seul puits de tirage de l’Encino a fourni pendant longtemps
annuellement plus de 3o,ooo marcs d’argerit : en 1726 et
1727, les deux exploitations de la Biscaina et du Xacal ont
donné ensemble 54a,000 marcs, c’est-à-dire presque deux fois
autant qu’en ont donné, dans le même intervalle, toute l’Europe
et toute la Russie asiatique. Ces mêmes porphyres de
Real del Monte , qui par leurs couches supérieures se lient aux
trachytes porphyriques et aux perlites avec obsidiennes du
Cerro de las Navajas, ont fourni par l’exploitation de la mine
de la Biscaina au comte de Régla (de 1762 à 1781 ) plus de
onze millions de piastres. Cependant ces richesses sont encore
inférieures a celles que l’on retire , dans le même pays , de
formations de transition non porphyriques. La Veta negra de
Sombrerete, qui traverse un calcaire compacte rempli de rognons
de pierre lydienne a offert l’exemple de la plus grande
abondance de minérais d’argent qu’on ait observée dans les
deux mondes : la famille de Fagoaga ou du marquis del Apar-
tado en a retiré en peu de mois un profit net de quatre millions
de piastres. La mine de Valenciana, exploitée dans du
schiste de transition, a été d’un produit si constant que, jusqu’à
la fin du dernier siècle, elle n’a pas cessé de fournir annuellement,
pendant quarante années consécutives, au-delà
de 36o,ooo marcs d’argent. En général dans la partie centrale
de la Nouvelle - Espagne, où les porphyres sont fréquens, ce
n’est point cette roche qui' fournit les métaux précieux aux trois
grandes exploitations de Guanaxuato, de Zacatecas et de Ca-
torce. Ces trois districts de mines, qui donnent la moitié de
tout l’or et l’argent mexicain, sont situés entre les 180 et 23°
de latitude boréale. Les mineurs y travaillent sur des gîtes de
minérais contenus presque entièrement dans des terrains de
thonschiefer intermédiaire, de grauwacke et de calcaire alpin:
je- dis, presque entièrement £ car la fameuse Veta madré de
Guanaxuato, plus riche que le Potosi, et fournissant ( jusqu’en
1804), année commune, un sixième de l’argent que l’Amérique
verse dans la circulation du monde entier, traverse à la fois
le thonschiefer et le porphyre. Les mines de Belgrado , de San-
Bruno et de Marisanchez, ouvertes dans la partie porphyritique
au sud-est de Valenciana, ne sont que de très-peu d’importance.
D’autres exploitations, dirigées sur les porphyres du groupe
§. 23 (Real del Monte, Moran, Pachuca et Bolanos), ne fournissent
aujourd’hui pas au-delà de 100,000 marcs ou un vingt-
cinquième de l’argent exporté ( i 8o3 ) du port de la Vera-Cruz.
J’ai cru devoir consigner ici ces faits , parce que la dénomination
de porphyres métallifères, dont je me suis souvent servi dans mes
ouvrages, peut donner lieu à l’erreur de regarder les richesses
métalliques du nouveau monde comme dues en très-grande
partie aux porphyres de transition. Plus on avance dans l’étude
de la constitution du globe sous les différens climats, plus on
reconnoit qu’il existe à peine une roche antérieure au calcaire
alpin, q ui, dans de certaines contrées, n’ait été trouvée très-
argentifère. Le phénomène de ces filons anciens dans lesquels
se trouvent déposées nos richesses métalliques ( peut-être comme