fouis. Si la superposition des masses rocheuses hétérogènes nous
révèle l’ordre successif de leur formation, comment ne pas nous
intéresser aussi à connoitre l’état de la nature organique aux
différentes époques où les dépôts se sont formés ? On ne peut
révoquer en doute que, sur une surface de plusieurs milliers
de lieues carrées ( en Thuriiigtie et dans toute la partie septentrionale
de l’Allemagne], neuf formations superposées, celles
de calcaire de transition, de grauwacke, de.grès rouge, de zech-
stein avec schiste bitumineux (de gypse muriatifère) , de grès
à oolithes (de gypse aiuileux), de muschelkalk et de grès blanc
( quadersandstein ) , ont pu être reconnues comme distinctes,
sans recourir aucunement à l’emploi de caractères zoologiques ;
mais il ne suit pas de là que la recherche la plus minutieuse
de ces caractères, o u , pour mieux dire, que la connoissance
la plus intime des fossiles contenus dans chacune des formations
ne soit indispensable pour offrir un tableau complet et vraiment
géognostique. Il en est de l’étude des terrains comme de celle
des êtres organisés. La botanique et la zoologie, considérées de
nos temps sous un point de vue plus élevTé, ne se bornent plus
à la recherche de quelques caractères extérieurs et distinctifs des
espèces; ces sciences approfondissent l’ensemble de l’organisation
végétale et animale. Les caractères tirés des formes de la coquille
suffisent pour distinguer les diverses espèces d’acéphales
testacés. Regarderoit-on pour cela comme superflue la connoissance
des animaux qui habitent ces mêmes coquilles ? Telle est
la connexité des phénomènes et de leurs rapports naturels (de
ceux de la vie, comme de ceux qu’offrent les dépôts pierreux
formés à différentes époques), que, si l ’on en néglige quelques-
uns, on se forme non-seulement une image incomplète; mais
le plus souvent une image infidèle.
Dans le cas de la conformité de gisement, il peut y avoir
identité de masse (c’est-à-dire de composition minéralogique)
et diversité de fossiles, ou diversité de masse et identité de
fossiles. Les roches fi et fi' placées à de grandes distances horizon
talcs entre deux formations identiques « e t y , ou appartiennent
à une même formation, ou sont des formations parallèles.
Dans le premier cas, leur composition minérale est semblable;
mais, à cause de la distance des lieux et des effets climatériques,
les débris organiques qu’elles renferment, peuvent différer
considérablement. Dans le second cas, la composition minéralogique
est différente, mais les débris organiques peuvent
être analogues. Je pense que les mots, formations identiques, for-^
mations parallèles, indiquent la conformité ou non-conformité
de composition minéralogique, mais qu’ils ne font rien préjuger
sur l’identité des fossiles. S’il est assez probable que des depots
fi et fi', placés à de grandes distances horizontales entre les
mêmes rôches « e t y , sont formes a la meme époque, parce
qu’ils renferment les mêmes fossiles et une masse analogue,
il n’est pas également probable que les époques de formation
sont très-éloignées les unes des autres, lorsque les fossiles sont
distincts. On peut concevoir que sous une même zone, dans un
pays de peu d’étendue, des générations d’animaux se sont succédé,
et ont caractérisé, comme par des types particuliers, les
époques des formations; mais, à de grands éloignemens horizontaux,
des êtres de formes très-diverses peuvent, sous diffé-
rens climats, avoir occupé simultanément la surface du globe
ou le bassin de mers. Il y a plus encore : le gisement de fi
entre a et y prouve que la formation de fi est anterieure à
celle de y , postérieure à celle de « ; mais rien ne nous donne
la mesure absolue de l’intervalle entre les époques - limites , et
différens dépôts (isolés) de fi peuvent ne pas etre simultanés-
Il semble résulter des faits que le zèle et la sagacité des
naturalistes ont réünis depuis un petit nombre d’annees, que,
si l’on ne doit pas toujours s’attendre à trouver, comme le
prétendoit Lister , dans chaque formation différente d’autres
dépouilles de corps organisés, le plus souvent des formations
reconnues pour identiques par leur gisement et leur composition,
renferment, dans les contrées les plus éloignées du globe,