Les ealcaiies de transition, la ou ils forment de grandes masses
isolées, abondent en silice; et tantôt (chaîne des Pyrénées)
cette silice se trouve réunie en cristaux de quarz; tantôt ( chaîne
des Alpes) elle est mêlée à la masse entière, comme un sable
tiès-fîn. Dans la première de ces chaînes le calcaire intermédiaire
renferme, comme le calcaire primitif, des couches de
griinstein (vallee de Saleix) et même de feldspath compacte,
deux roches qui generalement sont plus communes dans le thon-
schiefer intermediaire. Les bancs de griinstein se trouvent aussi,
d’après M. Mohs, dans le calcaire de transition de la Styrie,
et les mandelstein du mountain-limestone du Derbyshire (entre
Sheffield et Castelton ) appartiennent à un système de couches
intercalées géognostiquement analogues. Ces couches prennent
souvent l’aspect de véritables filons.
Le prodigieux développement que le calcaire intermédiaire
atteint dans la haute chaîne des Alpes , pourrait faire croire
que le groupe S- 22 renferme deux formations distinctes, dont
1 une, plus ancienne, embrasse les schistes et les grauwackes
avec des porphyres et des calcaires intercalés, et l’autre, d’un
âge plus récent, les calcaires considérés comme roches indépendantes;
mais cette séparation ne me paraîtrait pas suffisamment
justifiée par la constitution geognostique des terrains. En
Suisse, comme en Angleterre, de grandes masses calcaires alternent
avec des roches fragmentaires de transition, et ces mêmes
calcaires, quon voudrait elever au rang de formations indépendantes,
manifestent par des bancs intercalés une liaison
intime avec tous les autres membres du groupe S- 22. Dans le
calcaire intermédiaire des Diablerets et de FOldenhorn, M. de
Charpentier a observé des couches de grauwacke schisteux. D’après
ce même géognoste expérimenté, le gypse murialifère de Bex
est subordonne a un calcaire de transition qui repose sur du
grauwacke, et qui alterne à la fois avec cette dernière roche et
avec du thonschiefer de transition. Les assises inférieures du
calcaire de transition sont très-noires et remplies de bélemnites ;
les' assises supérieures sont argileuses et renferment des ammonites.
Le gypse anhydre, dans lequel le sel gemme est disséminé,
appartient à ces assises supérieures ; il offre à son tour des bancs
subordonnés de gypse commun ou hydraté, de calcaire .compacte
, de thonschiefer, de grauwacke et de brèches. C’est ainsi
que chaque dépôt de sel, de houille et de minérai de fer, dans
les terrains intermédiaire et secondaire, renferme de petites formations
locales, qu’il ne faut pas confondre avec les véritables
termes de la série géognostique. D’après les observations de M. de
Charpentier et M. Lardy, le gypse du terrain secondaire, en ne
considérant que de grandes masses, est toujours hydraté ( Thu-
ringe), tandis que le gypse de transition (Bex) est anhydre ou
hydraté épigène. Les opinions des géognostes sont d’ailleurs
encore partagées sur l’âge du dépôt salifère de la Suisse. M. de
Buch , dans ses lettres à M. Escher, publiées en 180g, semble
placer le gypse muriatifère de Bex entre le grauwacke de la Dent
de Chamossaire et le conglomérat de Sepey : MM. de Bonnard
et Beudant le regardent comme secondaire et appartenant soit
au grès houilier, soit au zechstein. 11 nous avoit paru tel aussi,
a M. Freiesleben et à moi, lorsque nous avons examiné ces contrées
en 1795.
Dans la chaîne des Pyrénées, la limite entre les terrains de
transition ( Pic long, 1668 toises; Pic d’Estals, r55o toises) et
les terrains de grès rouge, (montagnes d eL an y , 1100 toises)
et de calcaire alpin (Montperdu, 1747 toises) est très - nettement
tracée. Partout où il y a du grès rouge, on peut distinguer
deux calcaires, un qui recouvre le grès rouge et un qui le
supporte. Le premier de ces calcaires, quelles que soient sa
composition et sa couleur, est, pour le géognoste qui nomme
les formations d’après le gisement, un calcaire alpin (zechstein) ;
le second est un calcaire de transition. Dans la haute chaîne
des Alpes, et nous reviendrons plus tard sur cet objet intéressant,
le grès rouge n’est pas plus caractérisé qu'il 11e l’est dans
une grande partie de la Cordillère des Andes ; on peut même