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lèle à celui qui supporte immédiatement le calcaire alpin (zech-
stein), ienfermant le gypse et le sel gemme. Lorsque le grès
bigarre ^nord de l’Angleterre et Wimmelbourg en Saxe) présente
quelquefois des fragmens de granité et de syénite, ces fragmens
sont arrondis et simplement enveloppés d’argile -, ils ne forment
pas un conglomérat compacte et tenace a fragmens angulaires
comme le grès rouge. Cette dernière roche abonde, dans le
Mansfeld comme dans la Nouvelle-Grenade, en masses intercalées
d’argile (Cresfeld, Eisleben , Rothenberg), et en petites
couches de mine de fer brun et rouge (Burgôrner, Hettstedt).
La structure globuleuse qu’offre le grès de la vallée du Rio
Magdalena se retouve dans le grès houiiler de la Hongrie (Klau-
senbourg), dans le conglomérat blanchâtre de Saxe ( weiss-lie-
gendes de Helbra) qui lie le grès houiiler au zechstein, et,
selon des observations que nous avons faites , M. Freiesleben
et moi , en 179O, même près de Lausanne, dans la molasse d’Argovie
(grès tertiaire à lignite). C’est l ’ensemble des rapports de
gisement qui détermine l’âge d’une formation, ce n’est pas sa
composition et sa structure seules. Les géogno.stes qui connoissent
les différens terrains de grès, non d’après des échantillons de
cabinet, mais par de fréquentes excursions dans les montagnes,
savent 1res-bien que, si (par la suppression du calcaire alpin,
du muschelkalk, du calcaire du Jura et de la craie) le grès
rouge, le grès bigarré mêlé d’argile, le quadersandstein qui n’est
pas toujours blanc et très-quarzeux, et la molassé' alternant
avec des poudingues grossiers (nagelfluhe) étaient immédiatement
superposés les uns aux autres, on auroit de la peine à
prononcer sur les limites de ces quatre terrains arénacés, d’un
âge si différent.
Le grès rouge de la Nouvelle-Grenade semble plonger, dans
la partie septentrionale du bassin du Rio Magdalena ( entre Ma-
hates, Turbaco et la côte de la mer des Antilles), sous un
calcaire tertiaire rempli de madrépores et de coquilles marines,
«t constituant, près du port de Carthagène des Indes, le Cerro
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de la Popà. Mais, lorsqu’on s’élève à la hauteur de i 4oo
toises, la formation de calcaire et de gypse que supporte le grès
rouge, est couverte (Campo de Gigantes, à l’ouest de Suacha
dans le bassin de Bogota) de dépôts d’alluvion dans lesquels
j’ai trouvé d’énormes ossemens de mastodontes. D’après la tendance,
peut-être trop générale, de la géognosie moderne à étendre
le domaine des terrains intermédiaire et tertiaire aux dépens
du terrain secondaire, on pourrait être tenté de regarder le
grès de Honda, le. gypse avec sel gemme de Zipaquira, et le
calcaire de Tocayma et de Bogota, comme des formations postérieures
à la craie. Dans cette hypothèse, les houilles de Gua-
duas et de Canoas deviendraient des lignites, et le sel gemme
de Zipaquira, d’Enemocon, de Sesquiler et de Chamesa, entièrement
dépourvu de débris végétaux, serait une formation parallèle
aux dépôts salifères (avec lignites) de la Galicie et de
la Hongrie, que M. Beudant croit appartenir au terrain tertiaire.
Mais l’aspect du p a y s l e manque presque, total de corps organisés
fossiles, observé jusqu’à 10,000 pieds de hauteur perpendiculaire
; la puissance de ces couches arénacées et calcaires ,
uniformément répandues, dépourvues des rognons, de silex et
d’infiltrations siliceuses, très-compactes, et nullement mélangées
de sables et d’autres matières incohérentes, s’opposent à ces
idées, j’aurois presque dit, à ces empiétemens du terrain tertiaire
sur je terrain secondaire. L’ensemble des phénomènes que
j’ai exposés me fait croire que le grès de la Nouvelle-Grenade,
enchâssant des fragmens de lydienne et des roches primitives,
est le véritable grès rouge de l’ancien continent. On ignore si
ce grès, que j’ai vu monter jusqu’à 1700 toises <le hauteur à
la pente occidentale de la Cordillère de Chingasa (Cordillère
qui séparé la ville de Santa-Fé de Bogota des plaines du Meta ),
dépassé le sommet de cette grande chaîne de montagnes, en
se prolongeant vers les plaines de Casanare. On pourrait le
soupçonner ; car les dépôts de sel gemme et les sources de
muriate de soude se suivent, en traversant Ja Cordillère orien