Lorsqu’on prend le mot grauwacke ( traumates de M. d’Aubuis-
son , psam mites anciens et mimophyrcs quarzeux de M. Bron-
gmart) dans un sens plus étroit,' on l’applique à des roches
arenacees du terrain de transition, qui ne renferment que de
petits fragmens plus ou moins arrondis de substances simples,
par exemple, de quarz, de lydienne, de feldspath et de thon-
schigfer, non de fragmens de roches composées. On exclut alors
des gramvackes ,• et l ’on décrit sous le nom de brèche ou conglomérats
a gros fragmens primitifs ( § .2 0 ) , les diverses agglutinations
de morceaux de granité, de gneis et de syénite : on
sépare également les poudirigues calcaires dans lesquels des fragmens
airondis de chaux carbonatée sont cimentés par uné pâte
de même nature. Toutes ces distinctions ( si l’on en excepte
certaines brèches calcaires dans lesquelles le contenu et le contenant
pourroient bien être, quelquefois d’une origine contem-
poiaine ) ne sont pas d’une grande importance pour l’étude des
formations. Le grauwacke grossier ( grosskôrnige * grauwacke )
passe peu à peu au conglomérat à gros fragmens; il alterne
dans une même contrée, non-seulement avec des couches de grau-
■ vvacke à petits grains, mais aussi avec d’autres dont la pâte est
presque homogène. Les poudingues et brèches à gros fragmens
de roches primitives et composées (urfels-conglomérate de la
Valorsme en Savoie, et de Salvan dans le Bas-Yalais) sont de
véritables gramvackes ; ce sont les couches les plus anciennes de
cette formation, couches dans lesquelles les fragmens à contours
distincts ne sont pas fondus dans la masse, et dont le
ciment schisteux à feuillets courbes et ondulés ressemble au micaschiste,
tandis que le ciment des grauwackes plus récens du
Harz, du duché de Nassau et du Mexique, ressemble au thon-
schiefer. En général, les conglomérats ou grauwackes du groupe
S- 20 offrent des fragmens de roches préexistantes d’un volume
plus considérable et plus inégal que les grauwackes du
groupe $. 22. >
Lorsqu’on compare ceux-ci au calcaire de transition, on les
trouve le plus souvent d’une origine antérieure; quelquefois ils
remplacent même le ihonschiefer de transition. L’antériorité du
grauwacke, au calcaire, se manifeste dans les Pyrénées et en
Hongrie. Il paraît que dans ce dernier pays le thonschiefer intermédiaire
n’a pu prendre un grand développement ; car, loin
d’y être une formation indépendante qui renferme le grauwacke ,
c’est au contraire le grauwacke schisteux (grauwacken-schiefer ),
à paillettes de mica agglutinées, qui y prend tous les caractères
d’un vrai schiste de transition. En Angleterre aussi, la
grande masse isolée des montagnes calcaires (comtés de Derby,
de Glôcester et de Sommerset) est d’un âge plus récent que la
grande masse de grauwackes qui alternent avec quelques strates
calcaires; mais, lorsqu’on examine en détail les points où les
différens membres du groupe S- 22 ont pris un développement
extraordinaire , on reconnoît deux grandes formations calcaires
(transition-limestone de Longhope, et mountain-limestone du
Derbyshire et de South-Wales ), alternant avec deux formations
de grauwacke (greywacke de May-Hill et old red sandstone de
Mitchel-Dean en Herefordshire). Cet ordre de gisement, cette
bisection des masses calcaires et arénacées se trouve répétée sur
plusieurs points du globe. M. Beudant a reconnu , en Hongrie,
le vieux grès rouge de l’Angleterre dans le grès quarzeux de transition
de Neusohl, qui surmonte des grauwackes à gros grains
après y avoir été intercalé : il croit reconnoitre le mountain-
limestone, placé entre le vieux grès rouge et le terrain houillier
d’Angleterre, dans le calcaire intermédiaire du groupe de Tatra.
Si l’Oldenhorn et les Diablerets, comme il est très-probable,
appartiennent au terrain de transition, il y a aussi en Suisse,
au-dessus et au-dessous du grauwacke de la Dent de Charnos-
saire, deux grandes formations de calcaires noil’s , que M. de
Buch, depuis long-temps, a distingué sous les noms de premier
et second calcaire de transition. En Norwége ( Christianiafiord )
le grauwacke est décidément plus nouveau que le thonschiefer
intermédiaire et le calcaire à orthocératites.