dont la cause a agi, d’une manière uniforme, à de prodigieuses
distances, par exemple, dans l’ancien continent entre les 43°
et Sj" de latitude, depuis l’Ecosse jusqu’aux confins de l’Asie.
Quelle est cette influence apparente des hautes chaînes ,alpines
sur des couches q u i, quelquefois, en sont éloignées de plus de
cent lieues? J’ai de la peine à croire que la même catastrophe
ait soulevé les montagnes et incliné les strates dans les plaines,
de sorte que la tranche de ces strates, jadis tous horizontaux,
aujourd’hui tous inclinés de 5o° à 6o°, et formant la surface
du globe, se seroit trouvée à de grandes profondeurs. Les chaînes
des montagnes alpines ont-elles été soulevées ? Sont-elles sorties
(semblables à cette rangée de cimes volcaniques dans les
plaines de Jorullo, entre la ville de Mexico et les côtes de la
mer du Sud ) sur des crevasses formées parallèlement à la direction
de couches inclinées préexistantes?
En traçant le tableau géognostique des formations, j’ai dû
m’abstenir de citer à chaque observation la source à laquelle
je l’ai puisée. La géognosie positive est une science qui ne date
que de la fin du dernier siècle, et il n’est pas facile, je pour-
rois ajouter, il n’est pas sans danger, de faire l’histoire d’une
science si moderne. Quoique dans le cours d’une vie laborieuse
j’aie eu le bonheur de voir une plus grande étendue de montagnes
qu’aucun autre géognoste, le peu que j’ai observé se
perd dans la grande masse des faits que j’entreprends d’exposer
ici. Ce que ce Traité des formations renferme d’important,
est dû aux efforts réunis de mes contemporains. J’ai
voulu présenter aux lecteurs, d’une manière coricise, l’enchaînement
des découvertes qui ont été faites : j’ai cru pouvoir
ajouter ce qui est seulement probable à ce qui me paroît entièrement
constaté. Si j’avois atteint le but que je me suis proposé,
les hommes supérieurs qui en Allemagne, en France, en
Angleterre, en Suède et en Italie, ont contribué à agrandir l’édifice
de la science géognostique, devraient reconnoître à chaque
page le résultat de leurs travaux. J’qi rejeté dans des notes,
( )
à la fin du tableau, les citations des faits moins généralement
connus, et je n’ai nommé dans le tableau même que les savans
qui ont bien voulu me communiquer des observations et des
aperçus qu’ils n’ont point encore publiés. Les communications
les plus nombreuses et les plus intéressantes de ce genre sont
celles que je dois, depuis quinze ans, à M. Léopold de Buch ,
avec lequel j’ai eu l’avantage de faire mes premières études minéralogiques
sous un grand maître, et qui, sur une vaste étendue
de terrains ( entre les 28° et les 710 de latitude), a recueilli
des matériaux précieux pour la géognosie, l’histoire de l’atmosphère
et la géographie des végétaux. J’ai fait usage, dans le
cours de mon travail, de plusieurs notes inédites que ce savant
a bien voulu me donner sur le tissu cristallin des trachjtes que
j’ai rapportés des Cordillères, et sur l’ordre des formations en
Suisse, en Angleterre, en Écosse, en Toscane et dans les environs
de Rome. J’ai aussi eu l’avantage de le consulter, pendant
les différens séjours qu’il a faits a Paris, sur ce qui me
paroissoit douteux dans le gisement des formations. Toutes les
observations relatives à la Hongrie sont tirées du Voyage minéralogique
de M. Beudant, qui est sur le point de paraître ,
et dans lequel la plupart des questions de gisement sont traitées
avec une grande supériorité. Mon compatriote, M. de Charpentier,
directeur des salines de Suisse, a bien voulu communiquer
son excellente description des Pyrenees, travail le
plus complet que l’on possède sur une grande chaîne de montagnes.
Plusieurs renseignemens sur les porphyres d’Europe
sont tirés d’une notice que. j’ai écrite, pour ainsi dire, sous
la dictée de M. Werner, lorsque cet homme célèbre est venu,
pour quelques jours, de Carlsbad a Tienne (en 18 1 1 ) , pour
s’entretenir avec moi sur la constitution géognostique de la Cordillère
des Andes et du Mexique. C’est un devoir bien doux à
remplir que de donner un témoignage public de reconnois-
sance à ceux dont la mémoire nous est cliere. Je n ai pas tiie
tout le parti que j’aurois voulu des travaqx importans de MM.