a eue dans ces derniers temps sur les découvertes du sel en
Souabe, en France et en Suisse (Églisau, canton de Zuric)esl
un phénomène bien digne de remarque.
Je doute qu’on ait jusqu’ici des preuves bien certaines de la
présence du sel gemme dans le muschelkalk ; car il ne faut pas,
comme nous le verrons bientôt, déduire ce gisement de la seule
pi’ésence des sources salées. Le muschelkalk, dans ses couches
inférieures, alterne avec la formation d,argile et de grès bigarré:
comme il renferme aussi quelquefois (Sulzbourg près Naumbourg)
des marnes avec gypse fibreux , il ne seroit pas bien surprenant
que l’on y découvrit quelques dépôts salifères. Des traces de ces
dépôts ont été observées, près de Kandern, dans le calcaire ju-
rassique.
Existe-t-il des couches de sel dans les terrains tertiaires au-dessus
de la craie ? Plusieurs phénomènes géognostiques peuvent le
faire supposer; et l’on devroit presque être surpris que les dernières
irruptions de l’océan dans les continens n’aient pas produit,
sinon des couches de sel gemme, du moins de l’argile salifère.
Cependant, dans l’état actuel de nos connoissances, le problème
que nous agitons n’est pas suffisamment éclairci. M. Steffens
regarde les gypses à boracites de Lunebourg et de Seegeberg
(Holstein) comme supérieurs à la craie. Le second de ces gypses
contient de petites masses de sel gemme disséminées; lé premier
donne naissance à des sources salées très-riches et très-
abondantes. D’autres géognostes croient la formation gypseuse
à boracites beaucoup plus, ancienne que le gypse à ossemens
du terrain tertiaire, et presque identique avec les gypses du
zechstein et du grès bigarré. Les immenses dépôts salifères de
Wieliczka et deBochnia, ceux qui s’étendent depuis la Galicie
jusqu’à la Bukowine et en Moldavie,>paroissent reposer immédiatement
sur le grès houiller, renfermant a la fois ( et ce fait
est assez extraordinaire) du gypse anhydre, des tel fines, des
coquilles univalvcs cloisonnées, des fruits à l’état charbonneux,
des feuilles et des iignites; ces dépôts ne sont recouverts que
de sableS et de grès micacés. M. Beudant, dans son important
ouvrage sur la Hongrie, semble pencher vers l’opinion que ces
sables et ces grès sont analogues à la molasse d’Argovie, et que
toutes les formations salifères avec Iignites de la Galicie pourvoient
bien |jre contemporaines avec l’argile plastique (grès à
Iignites ) du terrain tertiaire, placée entre la craie et le calcaire
grossier de Paris (calcaire à cérites). Ces bois bitumineux de
Wieliczka, exhalant l’odeur de truffes, méritent sans doute
beaucoup d’attention ; et si l’on veut admettre qu’ils ne se sont
mêlés qu’accidentellement au sel gemme et qu’ils sont venus
des couches sablonneuses superposées, il faut encore en conclure
que le sel gemme et les sables sont d’une origine très-rappro-
chéei Mais la présence des Iignites est-elle une preuve bien
convaincante de la grande nouveauté d’une couche? J’en doute.
Nous savons que des Iignites et des empreintes de feuilles dicotylédones
se trouvent bien au-dessous de la craie , et dans les
couches inférieures du calcaire du Jura (calcaire à giyphées
arquées; Le Vay, Issigny, près de Caen), et dans le quader-
sandsteiü, et dans les petites couches charbonneuses et marneuses
( letlenkohle ) du muschelkalk, et dans le grès bigarré
de l'Allemagne, auquel appartiennent aussi les schistes argentifères
du Frankenberg (Hesse). Il faut distinguer avec soin les
bois siliceux et pétrifiés des vrais Iignites ou bois bitumineux
(braunkohle); et si l’on ne reconnoit que bien rarement ceux-
ci dans les argiles du grès bigarré, on les trouve bien moins
encore dans le zechstein, dont les marnes cuivreuses renferment
seulement des fruits pétrifiés. Dans la Toscane on voit les sources
salées du Yolterrannois sourdre, d’après M. Brongniart. de couches
marneuses qui alternent avec du gypse grenu (albâtre) et
qui sont immédiatement recouvertes d’un terrain tertiaire. Quoiqu’il
paroisse presque impossible de prononcer sur l’ào-e des
for mations non recouvertes, plusieurs rapports de gisemens que
j’ai eu occasion d’observer dans le nouveau continent, me rendent
probable l'existence des dépôts de sel dans le terrain tertiaire.
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