porphyre, de calcaire et thonschiefer, on ne laisse aucun doute
sur la nature des termes complexes de la série géognos tique.
Parmi les différentes preuves de l’identité des formations dans
les régions les plus éloignées du globe, une des plus frappantes
et que l’on doit aux secours de la zoologie, est l’identité des
corps organisés enfouis dans des couches d’un gisement analogue.
Les recherches qui conduisent à ce genre de preuves
ont singulièrement exercé la sagacité des savans, depuis que
MM. de Lamarck et Defrance ont commencé à déterminer les
coquilles fossiles des environs de Paris, et que MM. Cuvier et
Brongniart ont publié leurs mémorables travaux sur les ossemens
fossiles et les terrains tertiaires. Comme la plus grande masse
des formations qui composent la croûte de notre planete ne
renferme pas des dépouilles de corps organisés $ que ces dépouilles
sont très-rares dans les terrains de transition, souvent brisés et
difficiles à séparer de la roche dans les terrains secondaires très-
anciens, l ’étude approfondie des corps fossiles n’embrasse qu’une
petite partie de la géognosie, mais une partie bien digne de
l’attention du philosophe. Les problèmes qui se présentent sont
nombreux : ils ont rapport à la géographie des animaux dont
les races sont éteintes, et qui par cette raison appartiennent
déjà à l’histoire de notre planète : ils nécessitent la discussion
des caractères zoologiques par lesquels on voudroit distinguer
les différentes formations superposées. Pour rester fidèle au but
que je me suis proposé, de ne considérer, dans cette Introduction
au Tableau des roches , les objets que dans leur plus
grande généralité, je vais citer les questions de zoologie géo-
gnostique qui paroissent les plus importantes dans l’état actuel
de la science, et dont la solution a été tentée avec plus ou
moins de succès : Quels sont les genres et (si l’état de conservation
et le peu d’adhérence à la masse rocheuse permettent
une détermination plus complète) quelles sont les espèces auxquelles
on peut rapporter les dépouilles fossiles ? Une détermination
exacte des espèces en fait-elle reconnoître avec certitude
qui sont identiques avec les plantes et les animaux du monde
actuel ? Quels sont les classes, les ordres et les familles
d’êtres organisés qui offrent le plus de ces analogies ? Dans
quel rapport le nombre des genres et des espèces identiques
augmente-t-il avec la nouveauté des roches ou des dépôts
terreux ? L’ordre observé dans la superposition des terrains
intermédiaires, secondaires, tertiaires et d’alluvion, est-il partout
en harmonie avec l’analogie croissante qu’offrent les types
d’organisation ? Ces types se succèdent-ils de bas en haut (en
passant des grauwaekes et des calcaires noirs de transition, par
le grès houiller, le calcaire alpin, le calcaire du Jura et la
craie, au gypse tertiaire , aux terrains d’eau douce et aux al-
luvions modernes) dans le même ordre que nous adoptons
dans nos systèmes d’histoire naturelle, en disposant les êtres
selon que leur structure devient plus compliquée, et qu’aux
organes de la nutrition d’autres systèmes d’organes se trouvent
ajoutés ? La distribution des corps organisés fossiles indique-t-
elle un développement progressif de la vie végétale et animale
sur le globe $ une apparition successive de plantes acotylédones
et monocotylédones, de zoophytes, de crustacés, de mollusques
(céphalopodes, acéphales, gastéropodes), de poissons, de sauriens
(quadrupèdes ovipares), de plantes dicotylédones, de mammifères
marins et de mammifères terrestres? En considérant les corps
fossiles, non dans leur rapport avec telle ou telle roche dans
laquelle on les a découverts, mais simplement sous le point de
vue de leur distribution climatérique, remarque-t-on une différence
appréciable entre les espèces qui dominent dans l’ancien
et le nouveau continent dans les climats tempérés et sous la zone
torride, dans l’hémisphère boréal et dans l’hémisphère austral?
Y a-t-il un certain nombre d’espèces tropicales que l'on trouve
partout, et qui semblent annoncer qu’indépendantes d’une distribution
de climats semblables aux climats actuels, elles ont
éprouvé, au premier âge du monde, la haute température que
la croûte crevassée du globe fortement échauffé dans son in