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C’est la constance de ces associations binaires ou ternaires qui
caractérise les terrains de transition , bien plus que l’analogie
qu’offre dans chaque groupe la succession des roches homonymes.
En discutant les terrains primitifs où les formations sont plus
simples, plus tranchées, sujettes à des alternances moins fréquentes,
j’ai pu essayer d’énumérer séparément les granités qui
succèdent aux gneis, les gneis qui succèdent aux micaschistes.
Il y a-des granités et des gneis primitifs de difféi’ens âges, comme
dans les terrains de transition il y a des grauwackes ou des calcaires
noirs, semblables de composition, mais très-éloignés les
uns des autres, selon leur ancienneté relative. Si dans ces derniers
terrains le géognoste ne tente pas de nommer séparément
les différentes couches de grauwacke ou de calcaire, c’est parce
que ces couches, isolément, n’ont pas de valeur comme termes
de la série des roches intermédiaires; elles n’en ont qu’autant
qu’elles font partie de certains groupes. Or, ce sont ces groupes
mêmes, ces associations constantes de thonschiefer, grünstein et
grauwacke, de calcaire stéatiteux et graûwacke, de porphyre et
grauwacke-, etc., qui sont les véritables termes de la série. Il en
résulte-que, d’après les principes que nous suivons dans l’arrangement
des formations, on doit énumérer séparément non des
masses isolées de calcaire, de grauwacke et de porphyre, qui se
mêlent entre elles ou à d’autres roches, mais des groupes entiers
et bien caractérisés, ceux, par exemple, dans lesquels dominent
les grauwackes et les thonschiefer, ou les porphyres et les syé-
nites. Parmi ces derniers les uns sont postérieurs, les autres
antérieurs à des roches qui renferment des débris d’êtres ornOa
nisés. Dans les terrains primitifs les termes de la série sont
généralement simples ; dans les terrains de transition ils sont
tous complexes, et c’est de cette complexité même que naît la
difficulté d’étudier, par assises, un édifice dont on saisit avec
peine l’ordonnancé au milieu de l’entasSement de tant de matériaux
semblables. Pour justifier l’ordre que j’assigne aux diffé-
{ m )
vens terrains de transition, je commencerai par présenter dans
le tableau suivant la succession des formations (en commençan
par les plus anciennes) qui ont été observées dans plusieurs contrées
et examinées avec soin. Je n’emploirai que la description
oréographique des géognostes habitués à suivre les mêmes principes
dans la dénomination des roches.
I . A ndes de Q dito et du P érou.
Porphyres de transition, non métallifères
, recouvrant immédiatement
les roches primitives (granité,
thonschiefer).
Grünstein en boules (kugelge-
Stein).
Calcaire n o ir , superposé au porphyre.
Je n’y ai pas vu de grauwacke;
i l est remplacé , dans les Andes
de Quito et du Pérou , au sud de
l ’équateur, par la grande formation
de porphyre.
3. M ontagnes du M ex iq ue .
Thonschiefer de transition, chargé
de carbone, renfermant des couches
de syénite et de serpentine.
Les couches inférieures passent au
schiste talqueux, et reposent sur des
roches primitives.
Syénite alternant avec du grünstein.
Porphyre de transition, métallifère
, placé immédiatement sur le
thonschiefer de transition. Les couches
supérieures passent à la pho-
nolithe.
Telle est la- série des roches de
Guanaxuato. Dans le chemin de
Mexico à Acapulco j ’ai vu les porphyres
de transition reposer immé-
2. M ontagnes de V enezuela.
Schistes verts stéatiteux de transition
, couvrant du gneis-mica schiste
primitif.
Calcaire noir.
Serpentine et grünstein (re couverts
d’amygdaloïde avec pyroxène).
C’est la suite des rpches que j ’ai
observée au bord septentrional des
Llanos de .Calabozo.
4. H on g r ie .
Micaschiste de transition avec des
bancs de calcaire noir superposé
à des roches primitives.
Porphyres et syénites de transition.
Couches subordonnées : micaschiste
de transition ; calcaire grenu
blanc avec serpentine ; masses de
grünstein. Ces porphyres sont,comme
la plupart de ceux des Andes) immédiatement
recouverts par des tra-
chytes syénitiques blancs et noirs.
(Observations de M. Beudant.)
6. S uisse.
Dans le passage des A lp e s , de
Chiavenna à G la r is , d’après M- de-
Buch :
Thonschiefer de transition, avec
des couches de calcaire gris, reposant
sur du thonschiefer et du micaschiste
primitifs.