roches fragmentaires régénérées doit nécessairement ctre en rapport
avec les forces qui amènent encore de nos jours ces masses
désagrégées. Les conglomérats sont tantôt friables et tufacés (base
de Cotopaxi et de l’Altar ) , tantôt compactes et endurcies comme
le grès (base de Pichincha). Les ponces en masses pulvérulentes
et en blocs de 25 à 3o pieds de longueur forment la partie la
plus intéressante de ces conglomérats du terrain trachytique.
Nous ferons observer, à cette occasion, que le mot pierre-ponce
est très-vague en minéralogie : il ne désigne pas un fossile simple,
comme le font les dénominations de calcédoine ou de pyroxène;
il indique plutôt un certain état, une fortne capillaire ou filandreuse
sous laquelle se présentent des substances diverses, rejetées
par les volcans. La nature de ces substances est aussi différente
que l’épaisseur, la ténacité, la flexibilité et le parallélisme
ou la direction de leurs fibres (Humboldt, Relat. hist.,
T. I , p. 162). Il existe des ponces noires d’une contexture bulleuse,
à fibres croisées ; on y reconnoît beaucoup de pyroxène,
et elles paroissent dues à .des lares basaltiques scorifiées ( plaine
qui entoure le cratère de Rucu-Pichineha ; tuf du Pausilippe près de
Naples). Quelques volcans rejettent des trachytes blancs, composés
de feldspath compacte, de beaucoup d’amphibole, de très-peu
de mica, et dont une partie est devenue fibreuse (Rucu Pichincha
et Cotopaxi, sur le plateau de Quito; volcan de Cumbal près Chi-
lanquer, dans le plateau de los Pastos; Sotara près de Popayan;
Popocalepetl à l’est de Mexico). Souvent, dans des trachytes assez
compactes et d’un tissu non fibreux, les fragmens rhomboïdaux du
feldspath deviennent creux et comme filandreux (plateau de Quito
et du Mexique). Quelques variétés de perlstein offrent une texture
fibreuse (plaine de la Nouvelle-Espagne, entre la Venta del Ojo
del agua et la Venta de Soto ; vallée de Gran et de Glashütte, en
Hongrie). Enfin, des obsidiennes noir-verdâtre ou gris de fumée alternent
avec des couches de pierre-ponce à fibres asbestoïdes blanc-
verdâtre, rarement parallèles entre elles, quelquefois cependant
perpendiculaires aux couches de l’obsidienne et semblables à une
écume filamenteuse de verre (Plaine des Genêts, au Pic de
Ténériffe). Ces dernières variétés ont fait naître chez quelques
géologues l ’idée que toutes les ponces étaient dues à la fusion
et au gonflement des laves vitreuses ; on confondoit les
obsidiennes ponceuses (asclerines de M. Cordier ) avec les véritables
ponces à fibres parallèles (pumites légères de M. Cordier),
caractérisées par de grandes tables hexagones de mica, et probablement
dues à un mode d’action particulier que le feu des
volcans exerce sur les trachytes blancs (granités des Isles Ponces
de Dolomieu). Un savant qui a profondément étudié les roches
trachytiques de l’Europe, a confirmé ces aperçus. « La ponce, dit
« M. Beudant, dans l’état actuel de la science, ne peut pas même
« cire regardée comme une espèce distincte de roche: cest un
« état celluleux et filamenteux, sous lequel plusieurs roches des
« terrains trachytiques et volcaniques sont susceptibles de se
« présenter.* [Voyage minéral., T. III, p. 089.)
Les immenses carrières souterraines de pierre-ponce exploitées
au pied du Cotopaxi, entre la ville de Tacunga ( Llacta-
cunga) et le village indien de San-Felipe (plateau de Quito,
hauteur 1.482 toises), m’ont paru les plus instructives pour décider
la question du gisement de cette substance dans un terrain
de rapport. Elles avaient déjà fait naître chez Bouguer ( Figure
de la ietre, pag. L X V I I 1 ) , dans un temps où la géognosie
n’existoit presque pas, plusieurs questions intéressantes sur 1 origine
des ponces. Les petites collines de Guapulo et de Zumba-
lica, qui s’élèvent jusqu’à 80 toises de hauteur, paroissent au
premier abord entièrement formées d'une roche blanche fibreuse ,
à couches horizontales et à fibres perpendiculaires : on pourroit
eir tirer des blocs dépourvus de fentes de plus de 60 pieds de
longueur. En examinant ces prétendues couches de plus près ,
on voit que ce sont des masses de quatre pouces à trois pieds
d’épaisseur, enchâssées dans une terre blanche argileuse. Elles
ne forment pas , à proprement parler, un conglomérat : les
blocs ne sont que déposés dans l'aigile, et recouverts de firag