entièrement étrangers à l’histoire naturelle des animaux. On se
bornoit à des aperçus vagues, on regardoit comme spécifiquement
identique tout ce qui offroit quelque analogie de forme;
mais en même temps, et ceci étoit un pas fait dans la bonne
route, on étoit attentif aux fossiles qui prédominoient dans
telle ou telle roche. C’est ainsi que les dénominations de calcaire
à gryphites, de calcaire à trochites, de schistes à fougères,
schistes à trilobites ( Gryphilen- und Trochiten-Kalk; Kr'àuter-
und Trilobitèn - Schiefer) , furent très-anciennement employées
par les minéralogistes d’Allemagne. La détermination des genres
caractérisés par lès dents, par les fossettes, par les lames saillantes
et crénelées de la charnière, par les plis et les bourrelets
de l’ouverture de la coquille, est bien plus difficile dans les
roches secondaires très-anciennes que dans les formations tertiaires,
les premières étant généralement moins friables et plus
adhérentes au test du corps fossile. Cette difficulté augmente
lorsqu’on veut distinguer les espèces ; elle devient presque insurmontable
dans quelques roches calcaires de transition et
dans le muschelkalk, qui renfermé des coquilles brisées. Si les
caractères zoologiques d’un cértain nombre dé formations pou-
voient être tirés dé genres bien distincts , si les trilobites et
les orthücératites appartenoient exclusivement aux terrains intermédiaires,
les gryphiies âu Calcaire'alpin (zechstein), les
pectinitfes au bunte sandstein (grès de Nebra), les tiôchites et
mytûlîtes au muschelkalk, les tellines au quadersandstein, les
ammonites et turritelles au calcaire du Jura ét à ses marnes,
les oursins anàchytés et les spatanges à la craie, les eérites au
calcaire grossier; la connoissancê de ces genres seroit d’un secours
aisé pour la détermination des roches : on n’auroit plus
besoin d’examiner sur les lieux la superposition des formations;
on réconnôîtroit ces dernières sans sortir de son cabinet, en
ne consultant que les collections. Mais il s’en faut rie beaucoup
que la nature ait rendu si facile à l’homme rétude des
masses coquillières qui constituent la croûte de notre planète.
MÈ
Les mêmes types d’organisation se sont répétés à des époques
très-différentes : les mêmes genres se retrouvent dans les formations
les plus distinctes. Il y a des orthocératites dans les
calcaires de transition, les calcaires alpins et Je grès bigarre;
des térébratulites dans le calcaire du Jura et dans le muschelkalk;
des trilobites dans les thonschiefer de transition, dans le
schiste bitumineux du zechstein, et, selon un excellent geo-
gnoste, M. de Schlottheim, même dans le calcaire du Jura; il
y a des pentacrinites dans le thonschiefer de transition et dans
le muschelkalk le plus moderne. Les ammonites pénètrent à
travers beaucoup de formations calcaires et marneuses, depuis
les grauwaekes (Raumer, Versuche, pag. 22 ; Schlottheim,
Petrefactenkunde, pag. 38) jusque dans les couches inférieures
de la craie. Il y a des troncs de monocotylédones et dans le
grès rouge, et dans les marnes du gypse d’eau douce, formées
à une époque où le monde étoit déjà rempli de plantes
dicotylédones.
Mais, à une époque où les naturalistes ne s’arrêtent plus à
des notions vagues et incertaines, on a reconnu avec sagacité
que le plus grand nombre de ces fossiles (gryphites, terebratu-
lites , ammonites , trilobites , etc. ) , enfouis dans différentes
formations , ne sont pas spécifiquement les mêmes ; qu’un
grand nombre d’espèces qu’on a pu examiner avec précision,
varient avec les roches superposées. Les poissons que l’on observe
dans les schistes de transition (Glaris), dans les schistes
bitumineux du zechstein, dans le calcaire du Jura, dans le
calcaire tertiaire à périte de Paris et de Monte Bolca, et dans
le gypse de Montmartre, sont des espèces distinctes, en partie
pélagiques, en partie fluviatiles. Est-on en droit de conclure de
la réunion de eps faits, que toutes les formations sont caractérisées
par des espèces particulières, que' les coquilles fossiles de
la craie, du muschelkalk, du calcaire du Jura et du calcaire
alpin, diffèrent toutes entre elles ? Je pense que ce seroit pousser
l’induction beaucoup trop loin, et M. Brongniait meme,