taïe de la Nouvelle-Grenade, depuis Pinceima jusqu’aux Llanos
du Meta (par Zipaquira, Enemocon, Tausa, Sesquiler, Ga-
cliita, Médina, Chita, Chamesa et El Receptor), du sud-ouest
au nord-est, dans une même direction, sur une distance de
plus de cinquante lieues. Dans toutes les régions du globe on
observe cette disposition des sources salées par bandes (ou crevasses?)
plus ou moins prolongées. Lorsque des plaines sali-
fères de Casanare on avance vers l’Orénoque, les formations
secondaires disparoissent peu à peu, et dans la Sierra Parime
Je granite-gneis se montre partout a découvert. Seulement sur
les boi’ds de l’Orenoque, près des grandes cataractes d’Atures
et de Maj-pures, on retrouve de petits lambeaux de conglomérat
ancien superposés a la roche primitive. Ce conglomérat enchâsse
des grains de quarz, et même (Isla del Guachaco) des fragmens
de feldspath réunis par un eiment brun - olivâtre argileux et
très-compacte. Le ciment, là où il abonde, offre une cassure
conchoide et passe au jaspe. Cette roche arénacée, que je crois
appartenir au grès rouge des steppes de Venezuela, renferme
des masses très-aplaties de mine de fer brun. Elle rappelle ces
grès qui, dans la Haute-Égypte et en Nubie, reposent aussi
immédiatement sur le granite-gneis des cataractes du Nil. •
l\.° Plateau de Quito. Dans l’hémisphère austral, les Cordillères
de Quito m’ont offert la formation de grès rouge la plus
étendue de celles que j’ai observées jusqu’ici. Cette roche,couvre,
a i 3oo et i 5oo toises de hauteur au-dessus du niveau de la
mer | sur une longueur de vingt-cinq lieues, tout le plateau
de Tarqui et de Cuença, devenu célèbre par les opérations des
astronomes francois. Elle s’élève dans le Paramo de Sarar jusqu’à
1900 toises -, et l’épaisseur de sa masse entière excède plus
de 800 toises. Elle repose au nord (Canar, pente méridionale
de 1 Assuay ) et au sud (Alto de Pulla près Loxa) sur du schiste
micacé primitif. La formation de grès rouge de la province de
Quito est coloreé par de la mine de fer brune et jaune, dont
elle renferme de nombreux filons. Le grès est généralement
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très-argileux, à petits grains de quarz peu arrondis; mais quelquefois
aussi il est schisteux, et alterne, comme dans la Thu-
ringe, avec un conglomérat qui enchâsse des fragmens de porphyre
de trois , de cinq et même de neuf pouces de diamètre.
On trouve dans cette formation : des couches d’argile, tantôt
brune ( Tambo de Burgay et rives de Vinayacu) , tantôt blanche
et sléatiteuse, passant à l’argilolithe (thonstein) des porphyres
du grès rouge (Rio Uduchapa et Cerro de Coxitambo), et se
couvrant, au contact avec l’air atmosphérique, de nitrate de
potasse (Cumbe); des troncs de bois pétrifié de monocotylé-
dones (ravin de Silcayacu, où j’en ai vu des morceaux de 4
pieds de long et de 14 pouces d’épaisseur ) ; du goudron minéral
fluide et endurci en asphalte à cassure conchoide ( Parche
et Coxitambo); des silex (splitlriger hornstein) passant au silex
pyromaque ou à l’agatlie (Deiay); des filons de mercure sulfuré
(Cerros de Guazun, et Upar au nord-est du village d’Azo-
gues); des couches de manganèse oxidé noirâtre et pulvérulent
(à l’ouest de la ville de Cuenca); du calcaire grenu et lamel-
leux (Portete, au bord occidental du Llano de Tarqui). Cette
formation calcaire, que dans ce pays on appelle très-improprement
jaspe rubané, présente des couches alternantes de calcaire
opaque et saccharoïde, semblable au marbre de Carare, et de
calcaire fibreux et ondulé, en stries laiteuses. La masse entière
est diaphane comme le plus bel albâtre oriental ( le marbre
memphitique ou phengites des anciens). J’aurois été tenté de
prendre cette roche de Tarqui, qui est recherchée par les marbriers
comme l’albâtre de Florence et le marbre de Tolonla
(entre Chillo et Quito), pour une variété de travertin ou formation
d’eau douce, si au sud de Cuença, au bord du Rio
Machangara, elle ne m’avoit paru ( d’après l’inclinaison de ses
couches) intercalée au grès rouge que je viens de décrire. Il
faut toutefois distinguer de ce marbre translucide et rubané de
larqui , le calcaire grenu et opaque du Cebollar, qui vient au
jour un peu au nord de Cuença, et qui, recouvert du grès