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mais, clans une région où domine la grande formation de
syénite et de porphyre, ces deux roches alternent constamment.
Il en resuite que la roche syénilique y est dépendante du porphyre
, et n'y recouvre presque nulle part seule le thon-
schiefer de transition ou le gneis primitif. L’independance des
formations n’exclut d’ailleurs aucunement l’uniformité ou concordance
de gisement; elle exclut plutôt le passage oryctognos-
tique dé deux formations superposées. Les terrains de transition
ont très-souvent la meme direction et la même inclinaison
que les terrains primitifs; et cependant, quelque rapprochée
que puisse être l’époque de leur origine, on n’en est pas moins
fondé à considérer le micaschiste anthraciteux ou le grauwacke,
alternant avec du porphyre, comme deux formations indépendantes
des granites et des gneis primitifs qu’ils recouvrent.
L’uniformité de gisement ( Gleichförmigkeit der Lagerung) ne
fait rien préjuger contre l’indépendance des formations, c est-
à-dire sur le droit que l’on a de regarder une roche comme
une formation distincte. C’est parce que les formations indépendantes
sont placées indifféremment sur toutes les roches
plus anciennes (la craie sur le granite, le grès rouge sur le
micaschiste primitif ) , que la réunion d’un grand nombre
d’observations faites sur des points très-éloignés devient éminemment
utile dans la détermination de l ’âge relatif des
roches. Pour reconnoitre que la syénite zirconienne est une
roche de transition, il faut l’avoir voie placée sur des formations
postérieures à des calcaires noirs remplis d’orthocératites.
Des observations faites sur les porphyres et syénites de la Horn
grie par M. Beudant, un des géologues les plus distingués de
notre temps, peuvent jeter beaucoup de jour sur les formations
des Andes mexicaines. C’est ainsi qu’un nouveau végétal découvert
dans l’Inde fait reconnoitre l’affinité naturelle entre
deux familles de plantes de l’Amérique équinoxiale.
L’ordre que l’on a suivi dans le tableau des formations, est
celui du gisement et de la position respective des roches. Je
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ne prétends pas que ce gisement et cette position s’observent
dans toutes les régions de la terre; je les indique tels qu ils
m’ont paru le plus probables d’après la comparaison d’un
grand nombre de faits que j’ai recueillis. C’est l’idée de l’âge
relatif qui m’a guidé dans ce travail, bien imparfait encore.
Je l’ai commencé, long-temps avant mon voyage dans les Cordillères
du Nouveau Continent , des l’annee 17^2, ou, sortant
de l’École de Freyberg, j’étois chargé (comme Oberbergmeister)
de la direction des mines dans les montagnes du Fichtelge-
birge. La même roche peut varier de composition , des parties
intégrantes peuvent lui être soustraites, de nouvelles substances
peuvent s’y trouver disséminées, sans que pour cela-, aux yeux
du géognoste qui s’occupe de la superposition des terrains, la
roebe doive changer de dénomination. Sous l’equateur, comme
dans le nord de l’Europe, des strates d’une véritable syénite de
transition perdent leur amphibole, sans que la masse devienne
une autre roche. Les granites des bords de l’Orenoque prennent
quelquefois de l’amphibole et ne cessent guère pour
cela d’être du granite primitif, quoiqu’ils ne soient pas de la
première ou plus ancienne formation. Ces faits ont ete reconnus
par tous les géogUostes expérimentés. Le caractère essentiel
de l’identité d’une formation indépendante est son rapport de
position, la place qu’elle occupe dans la série générale des
terrains. (Voyez le mémoire classique de M. de Buch, Ueber
den Begrijf einer Gebirgsart, dans Ma g. der Naturf, 1810,
p. 128 i 33.) C’est pour cela qu’un fragment isolé, un
échantillon de roche trouvé dans une collection, ne peuvent
être déterminés géognostiquement, c’est-à-dire comme formation
constituant une des nombreuses assises dont se compose
la croûte de notre planète. La chiastolithe , l’accumulation
de carbone ou des noeuds de calcaire compacte dans les
thonschiefer, le titane - nigrine et l’épidote dans les syénites
(alternant avec un granité et des porphyres), des conglomérats
ou poudingues enchâssés dans un micachiste anthraci