l’autre en être séparé par de nombreuses roches secondaires et
de transition : ces faits très-communs ne démontrent que la
soustraction, l’absence, le non-développement de plusieurs membres
intermédiaires de la série géognostique. t e grauwacke peut,
d’un côté, plonger sous une roche feldspathique, par exemple,
sous du granité de transition ou sous la syénite zirconienne, et,
de l’autre côté, être superposé à du calcaire noir rempli de madrépores
: ce gisement ne démontre que la position intermédiaire
d’une couche de grauwacke entre des roches calcaires et des
roches feldspatliiques de transition. Depuis que, par les travaux
importans de MM. Cuvier et Brongniart, l’examen approfondi
des corps organisés fossiles a répandu comme une nouvelleüvie
dans l ’étude des terrains tertiaires, la découverte des mêmes fossiles
dans des couches analogues de pays très-éloignés a rendu
encore plus probable l’isochronisme de formations très-généralement
répandues.
C’est cet isochronisme seul, c’est cet ordre admirable de succession,
qu’il semble donné à l’homme de reconnoîlre avec quelque
certitude. Les essais que des géologues hébraïzans ont faits
pour soumettre les époques à des mesures absolues du temps,
et pour lier la chronologie d’anciennes mythes cosmogoniques
aux observations mêmes de la nature, n’ont pu être qu’infructueux.
«On a voulu plus d’une fois (dit M. Ramond dans un
« discours rempli de vues philosophiques) trouver dans les mo-
« numens de la nature un supplément à nos courtes annales.
« C’étoit pourtant assez des siècles historiques pour nous ap-
« prendre que la succession des événemens physiques et moraux
« ne se règle point sur la marche uniforme du temps, et rie
« sauroit par conséquent en donner la mesure. Nous voyons
« derrière nous une suite de créations et de destructions par
« l’arrangement des couches dont la croûte de la terre est for-
« mée. Elles font naître l ’idée d’autant d’époques distinctes j
« mais ces époques si fécondes en événemens peuvent avoir été
« très-courtes, eu égard au nombre et à l’importance des résul-
( «9 )
« tats. Entre les créations et les destructions, au contraire,
jjà nous ne voyons rien, quelle que puisse être l ’immensité des
« intervalles. Là où tout se perd dans le vague d’une antiquité
« indéterminée , les degrés d’ancienneté n’ont plus de valeur
« appréciable, parce que la succession des phénomènes n’a plus
« d’échelle qui se rapporte à la division du temps.» (Mémoires
de l’Institut pour l’année 1815, pag.
Dans la monographie , géognostique d’un terrain de peu d’étendue,
par exemple, des environs d’une ville, on ne sauroit
distinguer assez minutieusement les différentes couches qui composent
les formations locales. Des bancs de sable et d’argile,
lès sousdivisions des gypses, les strates de calcaire marneux et
oolithique, désignés en Angleterre sous les noms de Purbeck-
Beds, Portland-Stone, Coral-Ray, Kelloway-Rock et Corn-Brash,
acquièrent alors beaucoup d’importance. De minces couches de
terrains secondaires et tertiaires, renfermant des assemblages de
corps fossiles très-caractéristiques, ont servi d’horizon au géo-
gnoste. On a pu , dans leur prolongement, rapporter à l’une
d’elles ce qui se trouve placé au-dessus ou au-dessous dans
l’ordre de la série totale. Les dénominations particulières par
lesquelles on distingue ces couches, offrent même beaucoup
d’avantage dans .une description géognostique, quelque bizarre
ou impropre que puisse être leur signification ou leur origine
puisée dans le langage des mineurs. Mais, dès que l’on traite du
srisement des roches sur une surface très-étendue, il est indis-
pensable de considérer les formations ou agroupemens habituels
de certaines couches sous un point de vue plus général. C’est
alors qu’il faut être plus sobre et plus circonspect dans la distinction
des roches et dans leur nomenclature. L’ouvrage de M.
Ereieslehen sur les plaines de la Saxe, qui ont plus de 700
lieues carrées ( Geograph. Beschreibung des Kupferschiefergebirges,
in 4 Theilen, 1807 — i 8i 5) , offre un beau modèle de la réunion
d’observations locales et de généralisations géognostiques.
Ces généralisations, ces essais de simplifier le tableau des for