térieur a donné à l’atmosphère ambiante ? Est-on sûr de distinguer
par des caractères précis les coquilles d’eau douce et
les coquilles marines ? La détermination du genre suffît-elle ?
ou n’y a-t-il pas (comme parmi les poissons) quelques genres
dont les espèces vivent à la fois dans les fleuves et les mers?
Quoique dans quelques-unes des roches tertiaires les coquilles
fluviatiles se trouvent mélangées (par exemple, à l’embouchure
de nos rivières) avec les coquilles pélagiques, n’observe-t-on pas
en général que les premières forment des dépôts particuliers,
caractérisant des terrains dont l’étude avoit été négligée jusqu’ici,
et qui sont d’une origine très-récente ? A-t-on jamais découvert
sous le calcaire du Jura, près des poissons réputés fluviatiles
, dans le schiste bitumineux du calcaire alpin , des
coquilles d’eau douce ? Des espèces identiques de fossiles se
trouvent-elles dans les mêmes formations sur différens points
du globe ? Peuvent-elles fournir des caractères zoologiques pour
reconnoître les diverses formations superposées ? ou ne doit-on
pas plutôt admettre que des espèces que le zoologiste est en
droit de regarder comme identiques, d’après les méthodes adoptées,
pénètrent à travers plusieurs formations; qu’elles se montrent
même dans celles qui ne sont pas en contact immédiat ?
Les caractères zoologiques ne doivent-ils pas être tirés et de
l’absence totale de certaines espèces, et de leur fréquence relative
ou prédominance, enfin de leur association constante avec
un certain nombre d’autres espèces ? Est-on en droit de diviser
une formation dont l’unité a été reconnue d’après des rapports
de gisement et d’après l’identité des couches qui sont égale-
jnent intercalées aux strates supérieurs et inférieurs, par la
seule raison que les premiers de ces strates renferment des coquilles
d’eau douce, et les derniers des coquilles marines ? L'absence
totale de corps organisés dans certaines masses de terrains
secondaire et tertiaire, est-elle un motif suffisant pour considérer
ces masses comme des formations particulières, si d’autres
rapports géognostiques ne justifient pas cette séparation ?
( 37 )
, Une partie de ces problèmes s’étoit présentée depuis longtemps
aux naturalistes. Déjà Lister avoit avancé, il y a plus
de cent cinquante ans, que chaque roche étoit caractérisée par
des coquilles fossiles différentes. ( Philos. Trans., n.° 76, Pag-
2283.) Pour prouver que les coquilles de nos mers et de nos
lacs sont spécifiquement différentes des coquilles fossiles [lapides
sui générés) , il affirme «que les dernières, par exemple,
« celles des carrières de Nortliamptonshire, portent tous les
« caractères de nos Murex, de nos Tellines et de nos Trochus;
« mais que des naturalistes qui ne sont pas accoutumés à s’ar-
« rêter à un aperçu vague et général des choses, trouveront
les coquilles fossiles spécifiquement différentes de toutes* les co-
« quilles du monde actuel.» Presque à la même époque, Nicolas
Stenon [De solido intra solidum contento, 166g, pag. 2, 17, 28,
63, 6g, fig. 20—25) distingua le premier «les roches (primi-
« tives) antérieures à l’existence des plantes et des animaux sur
« le globe et ne renfermant par conséquent jamais des débris
« organiques, et les roches (secondaires) superposées aux pré-
« mières et remplies de ces débris [turhidi maris sedimenta sibi
« inçicem imposita). » Il considéra chaque banc déroché secondaire
« comme un sédiment déposé par un fluide aqueux ; » et
exposant un système entièrement semblable à celui de Deluc
« sur la formation des vallées par des affaissemens longitudi-
(< naux, et sur l’inclinaison de couches d’abord toutes horizon-
« taies,» il admet poijr le sol de la Toscane, à la manière de
nos géologues modernes, « six grandes époques de la nature
« ( sex distinctes Etrurioe faciès, ex pressenti fade Etrurioe col-
« lectoe), selon que la me,r inonda périodiquement le continent,
« ou qu’elle se retira dans ses anciennes limites. » Dans ces
temps où l’observation de la nature fit naître en Italie les premières
idées sur l’âge relatif et la succession des couches primitives
et secondaires, la zoologie et la géognosie ne pouvoient
encore se prêter un secours mutuel,, parce que les zoologistes
ne connoissoient pas les roches, et que les géognostes étoient