de gneis ou d’une syénite très-abondante en feldspath. Ce même
phénomène, comme nous l’avons vu tantôt, s’observe (volcan
de Jorullo) dans des laves récentes et d’une époque connue;
mais ces indices incontestables d’une fluidité ignée ne nous
autorisent pas à admettre que les montagnes coniques de basaltes,
dispersées dans des plaines ou couronnant la crête des
montagnes primitives, se soient toutes formées comme les
nappes de basalte qui couvrent les traehytes, ou comme les
laves lithoïdes basaltiques (avec divine) de quelques volcans
très-modernes. Le mélange des matières qui constituent les
roches volcaniques se fait dans l’intérieur du globe, et probablement
à d’immenses profondeurs. Des matières analogues et
composées des mêmes élémens peuvent venir au jour (paroitre
a la surface du globe) par des voies très-différentes, tantôt par
soulèvement (en cloches, en dômes ou en buttes coniques);
tantôt par des crevasses longitudinales, formées dans la croûte
du globe .; tantôt par des ouverturescirculaires au sommet d’une
montagne. La géognosie des volcans distingue .. ces modes de
formations, et si elle s’oppose à confondre sous le nom de laves
toutes les roches des terrains trachy tiques et basaltiques, c’est
parce qu’elle se refuse à admettre que les dômes du Puy de
Cliersou, du grand Sarcouy et du Chimborazo, de même que
toutes les montagnes coniques de basaltes, soient des portions
de courans de laves. Des volcans, en partie très-modemes, ont
jeté des laves feldspathiques (Ischia, Solfatare et Pouzzole) et
pyroxéniques avec divine (Jorullo), qui ressemblent aux tra-
chytes et aux basaltes les plus anciens. Souvent des masses volcaniques
(laves feldspathiques et pyroxéniques; traehytes; basaltes
en. cônes isolés ) , considérées minéralogiquement, sont les
mêmes ; on peut supposer que les circonstances dans lesquelles
elles ont été produites dans l’intérieur du globe, différoient
très-peu; mais, ce qui les éloigne géognostiquement les unes
des autres, c’est la différence marquante dans le mode de leur
apparition à la surface du sol.
C % )
Parmi le grand nombre d’observations curieuses que présentent
les environs du nouveau volcan de Jorullo au Mexique,
aucune ne me paroît plus importante et plus inattendue que
celles qui concernent la double origine des massés basaltiques.
On y voit à la fois de petits cônes de basaltes, composés de
boules à couches concentriques, et un promontoire de lavesr
basaltiques, lithoïdes et compactes dans l’intérieur, spongieuses
à la surface. Ce courant de laves est une masse noire à très-
petits grains, renfermant, non de l’amphibole ou du pyroxène,
mais indubitablement de l’olivine (péridote granuliforme de
Haüy) et de petits cristaux de feldspath vitreux. M. de Buch a
reconnu , dans des fragmens qüe j’ai rapportés, outre l’olivine
disséminée (vert d’olive clair, conchoïde et à pièces séparées
grenues ) , quelques tables hexagones de mica jaune de laiton.
C’est dans ces laves que sont empâtés les fragmens anguleux et
crevassés de syénite granitique dont j’ai déjà parlé plusieurs fois ;
elles tirent probablement leur origine d’un terrain de transition
placé sous le trachyte. Des morceaux extrêmement petits de
trachyte grisâtre, avec feldspath vitreux et cristaux effilés d’amphibole
, que nous avons été assez heureux de trouver sur le
bord du cratère au milieu des scories, prouvent même que
l’éruption a agi à la fois à travers la syénite et le trachyte superposé.
Les laves s’élèvent jusqu’à 678 pieds d’épaisseur ; et
comme elles se sont épanchées non latéralement, mais du cratère
du volcan actuel, c’est en suivant leur courant vers le S.
S. E ., que nous avons pu, M. Bonpland et moi, pénétrer, non
sans quelque danger, dans l’intérieur du cratère encore brûlant
pour y recueillir de l’air. Il ne faut pas confondre avec ce courant
de laves lithoïdes basaltiques, qui ne sont pas des scories
entassées comme au Monte Novo de Pouzzole, les basaltes en
boules ( Kugelbasalt) qui composent les petits cônes appelés
par les indigènes fours ( hornitos ) , à cause de leur forme, et
parce qu’ils dégagent, par des crevasses, des filets de vapeurs
aqueuses, mêlées d’acide sulfureux. Il ne peut rester aucun