doute, même à l’observateur le moins accoutumé à l’aspect de
terrains bouleversés par le feu des volcans, que tout le sol du
Mal-pais, qui a pour le moins 1,800,000 toises carrées, n’ait
été soulevé. Là où ce terrain soulevé est contigu à la plaine des
Playas de Jorullo, qui n’a éprouvé aucun changement et dont
il a fait partie jadis, il y a (à l’est de San-Isidoro) un saut
brusque de vingt-cinq à ti’ente pieds de hauteur perpendiculaire.
Les couches noirâtres et argileuses de Mal-pais y paroissent
comme fracturées, et offrent , dans une coupe dirigée du N.
E. au S. O ., des fentes de stratification horizontales et ondulées.
Après avoir passé ce saut ou gradin, on s’élève, sur un
terrain bombé en forme de vessie, vers la crevasse sur laquelle
sont sortis les grands volcans, dont un seul, celui du milieu
(e/ ■ volcan grande de Jorullo ) , est encore enflammé. La convexité
de ce terrain est, dans quelques endroits, de 78, en
d’autres de go toises, c’est-à-dire que le pied du grand volcan,
ou plutôt la portion centrale de la plaine du Mal-pais, où s’élève
brusquement (près de l’ancienne Hacienda de San-Pedro de
Jorullo). le Grand Volcan, est à peu près de 510 pieds plus
élevé que le bord du Mal-pais près du premier saut ou gradin.
Toute cette pente du sol bombé est si douce, qu'elle peut
échapper à l’attention de ceux qui ne sont pas pourvus d’ins-
trnmens propres à la mesurer. C’est, comme disent très-bien
les indigènes, un terrain creux, une tierra hueca. Cette opinion
est confirmée par le bruit que fait un cheval en marchant, par
la fréquence des crevasses, par des affaissemens partiels, et
par l’engouffrement des rivières de Cuitimba et de San-Pedro,
qui se perdent à l ’est du volcan et reparaissent au jour, comme
des eaux thermales de 62° cent., au bord occidental du Malpais.
Ce sont les bancs d’argile noire ou brun-jaunâtre qui ont
été soulevés eux-mêmes : la surface du sol n’est couverte que
de quelques cendres volcaniques, et aucun entassement de scories
ou de déjections sorties d’un cratère n’a causé la convexité
du Mal-pais. Sur ce terrain soulevé (Sept. 1759) sont sortis
( )
plusieurs milliers de petits cônes ou buttes basaltiques à sommets
très-convexes (les fours ou hornitos). Ils sont tous isolés
et disséminés, de manière que, pour S’approcher du pied du
grand volcan, on passe par des ruelles tortueuses ( las cailejunes
del Mal-pais ). Leur élévation est de 6 à 9 pieds. La fumée
sort généralement un peu au-dessous de la pointe du cône , et
reste visible jusqu’à 5o pieds de hauteur. D'autres filets' de
fumée sortent des larges crevasses qui traversent les ruelles; ils
sont dus au sol même de la plaine soulevée. En 1780, la chaleur
des hornitos étoit encore si grande qu’on pouvoit allumer
un cigarre en l’attachant à une perche et en le plongeant à
deux ou trois pouces de profondeur dans une des ouvertures
latérales. Les cônes ( hornitos) sont uniformément composés de
sphéroïdes de basaltes , souvent aplatis de huit pouces à trois
pieds de diamètre, et enchâssés dans une masse d’aro-ile à couchés
diversement contournées. L’aspect de ces cônes est absolument
le même que celui des buttes coniques de basaltes glo*
buleux ( Kugelhasalt -Kuppen ) que l’on voit si fréquemment en
Saxe, sur les frontières du Haut-Palatinat et de la Franconie,
et surtout dans le Mittelgebirg de la Bohème ; la différence ne
consiste que dans les dimensions des buttes. Cependant en
Bohème nous en avons aussi trouvé, M. Freiesleben tt moi
qui étoient parfaitement isolés et n’avoient que i5 à 20 pieds
de hauteur. Le noyau des boules est dans les hornitos, comme
dans les basaltes globulaires anciens , un peu plus frais et plus
compacte que les couches concentriques qui enveloppent le
noyau , et dont j’ai pu compter souvent 25 à 28. La masse
entieie de ces basaltes, constamment traversée par des vapeurs
acidulés et chaudes, est extrêmement décomposée. Elles n’offrent
souvent qu’une argile noire et ferrugineuse , à taches jaunes et
peut-être trop grandes pour être attribuées à la décomposition
de l’olivine.; En approchant l’oreille d’un de ces cônes . on
entend un bruit sourd qui parait celui d'une cascade souterraine
; il est peut-etre cause par les eaux du Rio Cuitamba qui