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diabases (grünstein ) , aux dolérites, et à d’autres productiôns
volcaniques plus récentes. L’examen oryctognos tique le plus
minutieux en apparence ne peut être indifférent au géognosle
qui examine l'âge des formations. C’est par cet examen qu’on
peut se former une juste idée de la manière progressive dont,
par développement intérieur, c’est-à-dire par un changement très-
lent dans les proportions des élémens de la masse, se fait le
passage d une roche à une roche voisine. Les schistes de transition
, dont la structure paroît d’abord si différente de la structure
des porphyres ou des granités, offrent à l’observateur attentif
des exemples frappans de passages insensibles à des roches
grenues, porphyroïdes ou granitoïdes. Ces schistes deviennent
d’abord verdâtres et plus durs. A mesure que la pâte amorphe
reçoit de l’amphibole, elle passe à ces ampbibolithes trappéen-
nes qu’on confondoit jadis avec le basalte. Ailleurs, le mica,
d’abord caché dans la pâte amorphe, se développe et se sépare
en paillettes distinctes et nettement cristallisées ; en même temps
le feldspath et le quarz deviennent visibles ; la masse paroit
grenue a grains très-alongés : c’est un vrai gneis de transition.
Peu à peu les grains perdent leur direction commune ; les
cristaux se groupent autour de plusieurs centres : la roche devient
un granité ou une syénite de transition. Ailleurs encore le
quarz seul se développe, il augmente et s’arrondit en noeuds, et
le schiste passe au grauwacke le mieux caractérisé. A ces signes
certains les géognostes qui ont étudié long-temps la nature, re-
connoissent d’avance la proximité des roches grenues, granitoï-
des et arénacées. Des passages analogues du micaschiste primitif
à une roche porphyroïde, et le retour de cette roche au gneis,
s’observent dans la Suisse orientale. (Voyez les développemens
lumineux qu’ont donnés M. de Raumer, Fragmente, pag. îo
et 47; ’M. Léopold de Buch, dans son Voyage de Glaris à Chia-
venna, fait en i 8o3 et inséré dans le Magazin der Berliner Na-
turforsch., tom. 3 , pag. n 5.) Mais ces passages ne sont pas
toujours insensibles et progressifs : souvent aussi les roches se
succèdent brusquement, et d’une manière bien tranchée ; souvent
(par exemple, au Mexique, entre Guanaxuato et Ovexeras) les
limites entre les schistes, les porphyres et les syénites sont aussi
distinctes que les limites entre les porphyres et les calcaires;
mais dans ce cas même des bancs hétérogènes intercalés indiquent
des rapports géognostiques avec les roches superposées.
C’est ainsi que le granité de transition de la formation syéni-
tique offre des couches de basanite, en se chargeant d’amphibole
: c’est ainsi que ces mêmes granités passent quelquefois à
l’euphotide. (Buch, Voyage en Norwége, tom. I , pag. i 38, tom.
I l, pag. 83.)
Il résulte de ces considérations, que l’analyse mécanique des
pâtes amorphes, au moyen de demi-triturations et de lavages
(analyse dont M. Fleuriau de Bellevue a fait le premier essai qui
ait ete couronne de succes, Journal de physique, tom. LI, pag.
162), répand à la fois du jour, i.° sur les grands cristaux qui
s’isolent et se séparent des cristaux microscopiques entrelacés dans
la masse; 2.° sur les passages mutuels de quelques roches superposées
les unes aux autres; 3.° sur les couches subordonnées
qui sont de même nature qu’un des élémens de la masse amorphe.
Tous ces phénomènes sont produits, pour ainsi dire, par
développement intérieur; par une variation, quelquefois lente,
quelquefois très-brusque, dans .les parties constituantes d’une
masse hétérogène. Des molécules cristallines, invisibles à l’oe il,
se trouvent agrandies, dégagées du tissu serré de la pâte; insensiblement
elles deviennent, par leur agroupement et leur mélange
avec de nouvelles substances, des bancs intercalés d’une
puissance considérable ; souvent même elles deviennent de nouvelles
roches.
Ce sont les bancs intercalés qui méritent surtout la plus
grande attention (Léonliard, Kopp et Gærtner, Propoed. der
Mineralogie, pag. i 58). Lorsque deux formations se succèdent
immédiatement, il arrive que les couches de l’une commencent
d abord a alterner avec les couches de l ’autre, jusquà ce que