( 34** )
S'engouffrent dans le 'Mal-pais, voilà donc bien certainement
des sphéroïdes aplalis de basalte, agglomérés en buttes coniques
, qui ont été soulevés de terre de mémoire d'hommes, et
qui ne sont par conséquent ni des lambeaux d’anciens courans
de laves, ni le résultat d’une décomposition de prismes basaltiques
articulés, ni celui d’un entassement fortuit de déjections
d’un cratère éloigné. Il est probable que c’est la force élastique
des vapeurs qui a couvert de ces hornitos, en forme d’ampoules,
la plaine bombée du Mal-pais, tout comme la surface
d’un fluide visqueux se couvre de bulbes par l’action des gaz qui
tendent à se dégager. La croûte qui forme les petits dômes
des hornitos est si peu solide, qu’elle s’enfonce sous les pieds
de devant d’un mulet que l’on force d’y monter.
Les faits que je viens d’exposer me paroissént d’autant plus
importans pbur la géognosie, qu’il existe dans les terrains basaltiques
les plus anciens une grande analogie entre les buttes
isolées de basaltes globuleux et les buttes de basaltes colon-
naires. Depuis long-temps des géologues célèbres ont combattu
l’hypothèse qui considère tant de montagnes basaltiques , d’une
forme si régulière et d’un agroupement symétrique, comme
des restes d’un courant, d’une coulée de laves, qui a avancé
progressivement sur un terrain incliné. Il faut distinguer, dans
les plaines de Jorullo, trois grands phénomènes : le soulèvement
général du Mal-pais, hérissé de. plusieurs milliers de
petits cônes basaltiques y l ’entassement des scories et d’autres
matières incohérentes dans les collines les plus éloignées du
grand volcan , et les laves lithoïdes que ce volcan a vomies
sous la forme ordinaire d’un courant. L’intérieur du cratère du
Vésuve offroit, au mois d’Août i 8o5 , époque où je l’ai visité-
plusieurs fois, conjointement avec MM. de Buch et Gay-Lussac,
cette même différence entre le fond du cratère soulevé, c’est-à-
dire plus ou moins bombé , selon que l’on s’approchoit de
l’époque de la grande éruption, et les cônes de scories désagrégées
qui se forment autour de plusieurs soupiraux enflammés.
( 34! )
Ce sont ces accumulations de matières incohérentes seules qui
ressemblent au Monte Novo de Pouzzole. La croûte de laves
qui constitue le fond des cratères, s’élève ou s’abaisse comme
un plancher mobile (Buch, Geogn. JBeoib. , T. I I , p. 124)• Au
Vésuve, ce fond étoit tellement bombé (en i 8o5) , que sa
partie centrale dépassoit le niveau du bord méridional du volcan.
U intumescence que l’on observe périodiquement dans les
cratères accessibles des volcans enflammés, au fond de la vallée
circulaire ou alongée’ qui termine leurs sommets, présente une
analogie frappante avec le terrain soulevé du Mal-pais de Jorullo
: il en présente vraisemblablement aussi avec ces ilôts
volcaniques qui paroissént comme des roches noires au-dessus
de la surface de l’Océan, avant de se crevasser et de lancer des
flammes. Il paroît que M. d’Aubuisson n’a pas eu occasion de
consulter les coupes que j’ai publiées du volcan de Jorullo
(Humboldt, Essai politique, T. I , p. 2 53. Id ., ISivellement ha-
rom. des Andes, n.° — 374• Id ., Vue des Cordillères, p.
242, pl. 43. Id ., Atlas géographique et physique du Voyage aux
rég. équin., pl. 28 et 2 9 ), lorsque, dans son intéressant Traité
de géognosie, T. I , p. 264, il suppose que j’ai confondu un
terrain soulevé avec un entassement de déjections dont l’épaisseur
augmente à mesure qu’on approche de la bouche volcanique.
La composition du basalte, ou plutôt la fréquence plus ou
moins grande de certaines substances cristallisées, disséminées
dans les basaltes , varie dans les différentes parties de l’Amérique
équinoxiale , comme dans celles de l’Europe. L’olivine,
si commune dans les basaltes d’Allemagne, de France et d’Italie,
ésl très-rare, d’après MM. Macculloch et Boué, dans l’ouest de
l’Ecosse et le nord de l’Irlande. L’amphibole abonde en grands
cristaux, en Saxe (Obenviesenthal et Carlsfeld), en Bohème,
dans le pays de Fulde et en Hongrie (Medwe), tandis qu’elle
manque le plus souvent dans les basaltes d’Auvergne et des
Canaries. Le feldspath vitreux et l’olivine se trouvent presque
constamment associés dans le terrain basaltique du Mexique et