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ignée ; on oppose les ternies de la série pyrogène a d’autres séries
de roches que l’on dit être d’une origine aqueuse. Par là
on sépare d’une manière absolue ce qui offre dans la nature
des passages graduels; au lieu d’explorer le gisement, ou de
placer les roches dans l’ordre de leur succession, on s'attache
de préférence aux questions historiques sur le mode de leur
formation.
J’avoue, et l’on ne sauroit se prononcer avec assez de franchise
sur les premiers fondemens d’une science ; j’avoue que
ces classifications , d’après les diverses hypothèses que l’on
se forme sur Yorigine des choses, ne me paroissent pas seule-
m’ent vagues et arbitraires, mais aussi très-nuisibles aux progrès
de la géognosie de gisement; elles préjugent d’une manière arbitraire
et surtout trop absolue, ce qui est pour le moins encore
extrêmement doïiteux. En divisant, d’après un usage suranné ;
les formations en primitives, intermédiaires, secondaires, tertiaires
et volcaniques, on admet, pour ainsi dire, un double principe
de division, celui de l’âge relatif ou de la succession des formations,
et celui de leur origine. Si l’on distingue entre des
nappes de laves et des roches, ou bien entre des roches volcaniques,
des roches d’une origine nèptunienne; et des matières formées
par une prétendue liquéfaction aquoso-ignée, on attribue
tacitement aux granités, aux porphyres et aux syénites intermédiaires,
aux dolérites et aux amygdaloïdes du grès rouge,
un mode de formation diamétralement opposé à celui d’une fusion
ignée. D’après cette manière de procéder, qui appartient
plutôt à la géogonie qu’à la géognosie positive, on considère
tout ce qui n’est pas compris dans le terrain volcanique, dans
les roches de trachyte et de basalte qui surmontent les autres
terrains, comme formé par la voie humide, ou comme précipité
d’une solution aqueuse. Il est presque inutile, dans l’état
actuel des sciences pliysiques, de rappeler combien l’hypothèse
d’une solution aqueuse est peu applicable aux granités et aux
gneis, aux porphyres et aux syénites, aux euphotides et aux
jaspes. Je ne hasarderai pas de prononcer ici sur les circonstances
qui peuvent avoir accompagné la première formation de
la croûte oxidée de notre planète; mais je n’hésite pas à me
ranger du côté des géognostes qui conçoivent plutôt la formation
des roches cristallines siliceuses par le feu que par une
solution aqueuse, à la manière des travertins et d’autres calcaires
lacustres. Les mots laves et roches volcaniques sont d’ailleurs aussi
vagues que l’est le mot volcan, qui désigne tantôt une montagne
terminée par une bouche ignivome, tantôt la cause souterraine
de tout phénomène volcanique. Les trachytes qui surmontent
le dos des Cordillères, appartiennent indubitablement
aux roches pyrogènes, et cependant le mode de leur formation
n’est ptîfe celui des courans de laves postérieures au creusement
des vallées. L’action du feu volcanique par un cône isolé, par
le cratère d’un volcan moderne , diffère nécessairement de
l’action de ce feu à travers l’ancienne croûte crevassée de notre
planète.
En considérant les phénomènes volcaniques dans leur plus
grande généralité, en réunissant ce qui a été observé dans les
différentes parties du globe, on voit différer ces phénomènes
entre eux, même de nos jours, de là manière la plus frappante.
Ce ne sont pas les volcans de la Méditerranée, les
seuls que l’on a étudiés avec soin, qui peuvent servir de tvpe
au géognoste et lui présenter la solution des grands problèmes
géogoniques. L’élévation absolue des bouches ignivomes, variant
depuis cent à deux mille neuf cent cinquante toises
( Stromboli et Cotopaxi), influe non-seulement sur la fréquence
des éruptions, elle modifie aussi la nature des masses
rejetées. Quelques volcans n’agissent plus que par leurs flancs ,
quoiqu’ils offrent encore un cratère à leur sommet (Pic de Té-»
nériffe); d’autres ont des éruptions latérales ( j'en ai trouvé à
Antisana, dans les Andes de Quito, à 2140 toises de hauteur),
sans que leur cime ait jamais été percée; d’autres encore, également
creux dans leur intérieur, comme l'indiquent beaucoup