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pied des volcans mexicains encore actifs ( le Popocalepell et le
Jorullo), nous n’avons pas été assez heureux, M. Bonpland et
moi j pour découvrir des roches de granité, de micaschiste ou
de syénite en place ; mais nous avons vu enchâssés, au milieu
des laves lithoïdes noires et basaltiques de Jnrullo, des
fragmens anguleux blancs, ou blanc-verdâtre, de syénite,
composés de peu d’amphibole et de beaucoup de feldspath la-
melleux. Là où ces masses ont été crevassées par la chaleur, le
feldspath est devenu filandreux, de sorte que les bords et la
fente sont réunis dans quelques endroits par les fibres alon-
gées de la masse. Dans l’Amérique du Sud, entre Ahnaguer
et Popayan, au pied du Cerro Broncaso, j’ai trouvé de véritables
fragmens de gneis compactes dans un trachyte abondant
en pyroxène (p. i 33). Ces phénomènes, auxquels je pourvois
en ajouter beaucoup d’autres, prouvent que les formations
trachytiques sont sorties au-dessous de la croûte granitique du
globe.
Les obsidiennes dont nous avons rapporté, M. Sonneschmidt
et moi, de si curieuses variétés en Europe, m’ont paru appartenir,
dans les Cordillères, à deux sections bien distinctes du
terrain traehytique, aux véritables tracliytes noirs ( Cerro del
Quinche, au nord de Quito) et blancs (Cerro de las Novajas
ou Oyarnel, au nord-est de Mexico ) , et à la perlite (Ginape-
cuaro, entre Mexico et Yalladolid). 11 faut distinguer de ces
deux formations les obsidiennes des courans de laves modernes
(Pic de Ténériffe), formant la partie supérieure de ces courans.
Les fragmens de roches vomis par le cratère de Cotopaxi, et
remplis de rognons d’obsidienne, paroissent arrachés aux parois
du cratère, mais les morceaux d’obsidienne lancés par le volcan
de Sotara, près de Popayan, à des distances de plusieurs lieues,
-méritent plus d’attention. Les champs de los Serillos, des
Uvales et de Palacè, en sont couverts. On les trouve dissémi-
minés comme des fragmens de silex ; ils reposent sur des roches
basaltiques, auxquelles cependant ils souri entièrement éfcran-
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«■ ers. Ces obsidiennes de Popayan ont souvent la forme de larmes
ou même de boules à surface tuberculeuse : elles offrent, ce
que je n’ai vu nulle part ailleurs, toutes les nuances de couleurs,
depuis le noir foncé jusqu’à celle d’un verre artificiel entièrement
incolore. Elles sont quelquefois mêlées de fragmens
d’émaux lancés par le meme volcan de Sotara, et que Ion se
roit tenté de prendre pour de la porcelaine de Réaumur. La
pâte des trachytes semi- vitreux gris-bleuâtre et à cassure con-
choïde (volcan de Puracè, près Popayan, dans la plaine du
Cascajal, à 2274 toises de hauteur), passe sans doute quelquefois
à l’obsidienne ; mais les grandes masses de véritables obsidiennes,
disposées par couches ou par rognons à contours
bien prononcés, se trouvent dans d’autres variétés de trachytes.
Nous avons déjà décrit plus haut les roches du Cerro de las
Navajas (S- 23) , où se trouvent les obsidiennes châtoyantes, stnees
et argentées ( plateadas) , généralement disséminées par fragmens,
mais formant quelquefois aussi des couches dans un trachyte
blanc. Des couches analogues, mais d’une épaisseur de 1 à a 16
pouces, sont intercalées aux trachytes noirs pyroxéniques du
Cerro del Quinchè (plateau de Quito). Elles offrent des obsidiennes
noir-verdâtre et veinées débandés rouge-de-brique. Près de
l’IIacienda de Lira, au nord de Queretaro (plateau du Mexique,
995 toises), j’ai trouvé dans des trachytes vèrt-d’olive et à base
de rétinite (trachytes qui renferment à la fois du feldspath vitreux
et des grains de quarz disséminés), des couches d’obsidienne
noire de trois pouces d’épaisseur. Sur d’autres points
du plateau de la Nouvelle-Espagne, a Cinapecuaro, au pied
du Cerro Ucareo (dans le chemin de Yalladolid de Mechoacan
à Toluca, hauteur 968 toises), et entre Ojo del agua et El
Pinal (dans le chemin de la Puebla de los Angeles à Perote,
hauteur 1180 toises), les obsidiennes se trouvent par rognons
dans un perlite (perlstein) à éclat émaillé, compose de petits
"lobules semi-vitreux blanc-grisâtre. Je n’y ai pas vu de mica,
mais des infiltrations d’hyalilhe et quelques petits cristaux de