des associations d’espèces entièrement semblables. M. Bron-
gniart, dont les travaux, joints à ceux de MM. Lamarck, Défiance,
Beudant, Desmarest, Prévost, Férusssac, Schlottheim,
Walilenberg, Buckland, Webster, Phillips, Greenough, War-
burton, Sowerby, Brocclii, Soldani, Cortesi, et d’autres minéralogistes
célèbres, ont tant avancé l’étude de la conchyliologie
souterraine, a fait voir récemment les analogies frappantes
qu'offrent, sous le rapport des corps fossiles, certains terrains
d’Europe et de l’Amérique septentrionale. Il a essayé de prouver
qu’une formation est parfois tellement déguisée, que ce n’est
que par des caractères zoologiques que l’on peut la reconnoître
(Brongniart, Ilist. nat. des crustacés fossiles, pag. 57, 62 ).
Dans l’étude des formations, comme dans toutes les sciences
physiques descriptives, ce n’est que l’ensemble de plusieurs
caractères qui doit nous guider dans la recherche de la vérité.
La description spécifique des débris de plantes et d’animaux
renfermés dans les divers terrains, nous en offre pour ainsi
dire la Flore ou la Faune. Or, dans le monde primoxdial,
comme dans celui d’aujourd’h u i, la végétation et les productions
animales des diverses portions du globe paroissent
avoir été moins caractérisées par quelques formes isolées d’un
aspect extraordinaire, que par l’association de beaucoup de
formes spécifiquement différentes, mais analogues entre elles,
malgré la distance des lieux. En découvrant une nouvelle terre
près du détroit de Torres, il ne seroit pas aisé de déterminer,
d’après un petit nombre de productions, si cette terre est contiguë
à la Nouvelle-Hollande, ou à l’une des îles Moluques ou
à la Nouvelle-Guinée. Comparer des formations sous le rapport
des fossiles, c’est comparer des Flores et des Faunes de
divers pays et de diverses époques ; c’est résoudre un problème
d’autant plus compliqué qu’il est modifié à la fois par l’espace
et le temps.
Parmi les caractères zoologiques appliqués à la géognosie,
l’absence de certains fossiles caractérise souvent mieux les formations
que leur présence. C’est le cas des roches de transition
: on n’y trouve généralement que des madrépores, des en-
crinites, des trilobites, des orthocératites et des coquilles de
la famille des térébratules, c’est-à-dire des fossiles dont quelques
espèces, non identiques, mais analogues, se rencontrent
dans des couches secondaires très-modernes; mais ces roches
de transition sont privées de bien d’autres dépouilles de corps
organisés, qui paroissent en abondance au-dessus du grès rouge.
Le jugement que l’on porte sur l’absence de certaines espèces,
ou sur l’absence totale des corps fossiles, peut cependant être
fondé sur une erreur qu’il sera utile de signaler ici. En examinant
en grand les formations coquillières, on observe que les
corps organisés ne sont pas toujours également distribués dans
la masse ; mais 1.°, que des strates entièrement dépourvus de
fossiles alternent avec d’autres strates qui en fourmillent; 2.
que, dans une meme formation, des associations particulières
de fossiles caractérisent certains strates qui alternent avec d’autres
strates à fossiles distincts. Ce phénomène,, observé depuis
long-temps, se retrouve dans le muschelkalk et dans le calcaire
alpin (zechstein), qu’une couche de trochites séparé souvent
du grès houiller (Buch, Beob., T. 'I. pag. i 35, 1^6, 171 )î d
est propre aussi au calcaire du Jura et à plusieurs formations
tertiaires. En n’étudiant que la craie des environs de Paris, on
pourroit presque croire que les coquilles univalves manquent
entièrement à cette formation : cependant les univalves polytha-
lames, les ammonites, comme nous l’avons rappelé déjà, sont
très-communs en Angleterre, dans les couches les plus anciennes
de la craie. Même en France (côte de Sainte-Catherine près de
Caen) la craie tuffeau et la craie chloritée contiennent beaucoup
de fossiles que l’on ne trouvé pas dans la craie blanche
(Brongniart, Caractères zool. , pag. 12). Comme dans differens
pays les terrains ne se sont pas développés également, et que
l’on peut prendre des lambeaux de formations pour des formations
entières et complètes, celles qui sont dépourvues de co