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éloignées les unes des autres, des roches analogues, des thon-
schiefer talqueux, à feuillets fortement contournés, chargés de
carbone, renfermant de l’ampélite (alaunschiefer) et de la pierre
lydienne} des calcaires noirs alternant avec le thonschiefer, des
gramvackes, des porphyres et des syénites mélangés de fer titané,
se trouvent placés entre des roches primitives, c’est-à-dire entièrement
dépourvues de traces d’organisation et de masses aréna-
cées, et la grande formation de houilles; mais la succession des
roches homonymes de transition varie même là où elles semblent
toutes également développées. Le plus grand nombre des formations
de ce terrain sont composées de deux ou trois roches alternantes
(calcaire noir compacte, grünstein et thonschiefer; grauwacke
et porphyre; calcaire grenu, grauwacke et micaschiste
anthraciteux) et comme des membres partiels des groupes ou
formations d’une structure si compliquée passent d’un groupe à
l’autre, d’excellens observateurs, MM. de Raumer, d’Engelhardt
et Bonnard, ont été tellement frappés de ce phénomène de
connexité et d’alternance, qu’ils ne reconnoissent dans la classe
entière qu’une seule grande famille de roches. Si l’on examine
les formations de transition d’après leur structure et leur composition
oiyctognostique, on y distingue cinq associations très-
marquées : les roches schisteuses ; les roches porphyritiques
( feldspathiques ou syénitiques) ; les roches calcaires grenues et
compactes, avec gypse anhydre et sel gemme; les roches d’eu-
photide, et les roches agrégées (grauwacke et brèches calcaires).
Sur quelques points du globe un seul dé ces groupes ou de ces
associations de roches cristallisées et non cristallisées a pris un
développement si extraordinaire, que les autres groupes parois-
sent presque entièrement supprimés. C’est ainsi que dominént
dans les Cordillères du Mexique et de Quito, comme en Hongrie
et dans plusieurs parties de la Norwége, les porphyres et les
syénites de transition ; dans la Tarantaise, les calcaires grenus
et talqueux; dans quelques régions des Alpes et de la Bochetta,
les calcaires noirs presque compactes ou à très-petits grains;
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én fnf,.àu Ilarz et sur les bords du Rhin , les gramvackes et
thonschiefer de transition : mais cette épaisseur et cette etendue
qu’acquièrent les masses minérales j ne doivent pas guider le
géognoste lorsqu’il discute l’âge relatif des formations partielles.
Une extrême variété de gisement ne s’observe pas seulement dans
les petites formations; les grandes formations homonymes très-
développées ne peuvent aussi guères être envisagées comme contemporaines,
c’est-à-dire qu’elles n’offrent pas le même gisement
par rapport aux autres termes de la série des roches intermédiaires.
Les porphyres de Cuanaxuato, par exemple, sont superposés
à un thonschiefer stéatiteüx et chargé de carbone ; ceux
de la Hongrie, à un micaschiste talqueux de transition renfermant
des bancs de calcaire gris-noirâtre. Les porphyres des Andes
de Quito (et des îles Britanniques?) recouvrent immédiatement
des roches primitives, et sont par conséquent antérieurs à toute
roche calcaire qui renferme des vestiges de corps organisés : au
contraire, leâ porphyres et syénites zirconiennes de Norwége,
comme probablement aussi les porphyres du Caucase, si bien
observés par MM. d’Engelhardt et Parrot, succèdent, selon l’àge
de leur formation, au calcaire rempli d’orthocératites. Les plus
grandes masses de grauwacke (alternant avec le grauwaeken-
schiefer) se sont développées sans doute au milieu des schistes
de transition les plus anciens ; mais on trouve aussi des bancs
de graUwacke très-puissans, d’une origine beaucoup plus récente.
En général, les cinq groupes de roches que nous venons de
distinguer d’après des rapports de composition ou des caractères
oryctognostiques, ne conservent pas partout la même place dans
la série des formations intermédiaires ; ils ne se trouvent guère
séparés dans la nature comme dans Une classification oiyetognos-
tique des roches. On observe qüe les thonschiefer et les calcaires
noirs, les thonschiefer et les porphyres, les thonschiefer et les
grauwaekes, les porphyres et les syénites, les calcaires grenus et
les micaschistes anthraciteux, forment des associations géognos-
tiques dans les contrées les plus éloignées les unes des autres.