Ces phénomènes marquent l’époque des roches intermédiaires et
celle du grès Touiller, premier chaînon des roches secondaires.
Malgré l’importance des phénomènes que nous venons de signaler,
les roches d’une époque ont toujours quelque prototype dans les
roches de l’époque précédente, et tout annoncç l’effet d’un développement
continu.
Comme les noms, terrains de sédiment moyen, calcaire alpin
nouveau, etc., sont employés dans beaucoup d’ouvrages géognos-
tiques modernes, sans que l ’on désigne chaque fois individuellement
les roches que renferment ces terrains, il sera utile de rappeler
ici la synonymie de celte nomenclature des gisemens.
M. Brongniart, distinguant suite, primitif et primordial, comprend
avec M. Omalius d’Halloy, sous la dénomination de terrains primordiaux,
toutes les roches primitives et intermédiaires cristallines
de l’école de Freiberg : il divise les terrains secondaires (Flôtzge-
birge) en trois, classes. Dans la première, celle de sédiment inférieur
(Descr. géol. des environs de Paris, p. 8; Sur le gisement des
ophiolithes, p. 36), sont compris le mountain-limestone ou calcaire
de transition, le grès rouge ou liouiller, le calcaire alpin
ou zechstein et le lias; dans la seconde, celle de sédiment moyen,
le calcaire du Jura et la craie; dans la troisième, celle de sédiment
supérieur, toutes les couches qui sont plus neuves que la craie.
Le terrain de sédiment supérieur remplace par conséquent le terrain
tertiaire, dénomination tout aussi impropre pour designer un
quatrième terrain, succédant aux terrains primitif, intermédiaire
et secondaire, que l’etoient les anciens noms de teirains a couches
(roches secondaires) et de terrains à filons (roches primitives et
de transition). M. de Bonnard, dans son intéressant Aperçu géo-
gnosiique des formations, exclut des terrains primordiaux les porphyres,
les syénites de transition et toutes les roches cristallines
postérieures à celles qui renferment quelques débris de corps
organisés ; il regarde, et nous préférons sa maniéré de voir, le
mot primordial comme synonyme de primitif. Les terrains secondaires
supérieurs de M. de Bonnard different beaucoup du terrain
de sédiment supérieur de M. Brongniart ; ce sont plutôt ceux que
Ce savant estimable appelle terrain de sédiment moyen. Toutes les
formations, depuis la craie jusqu’au grès rouge, à l’exception des
houilles, sont comprises dans l’ordre surmoyen de M. Conybeare,
tandis que la liaison intime que Ton observe en Angleterre entre
les depots de houilles et les roches qui les supportent, ont engagé
M. Buckland (iStructure of the Alps, 1821, p. 8 et 17) à
étendre les formations secondaires depuis la craie jusqu’au mountain
limestone et à la grauwacke (éfid red sandstone). Il nomme
notre zechstein avec dépôts salifères, calcaire alpin ancien (elder
alpine limestone); le lias, les oolithes, le sable vert et la craie,
calcaire alpin nouveau (younger alpine limestone). Ces indications
suffiront, je pense, pour l’intelligence de la synonymie des
grandes divisions géognostiques.
Le mélange fréquent de couches pierreuses et de terrains
meubles ou masses désagrégées a fait confondre long-temps les
formations tertiaires, c’est-à-dire, celles qui sont postérieures
à la craie, avec les terrains d’alluvion et de transport, que Guet-
tard (17^6) avoit appelés la zone dessables. On a faussement
considéré les formations tertiaires comme peu importantes,
comme irrégulières dans leur stratification et restreintes à de
petites étendues de pays. L’école de Freiberg ne plaçoit d’abord
( i 8o5) au-dessus du muschelkalk et de la craie que quatre formations,
savoir : les sables et argiles avec lignites, déjà reconnues
par Hollmann en 1760 (Phil. Trans., vol. LI ,p. 5o5 ); le
nagelfluhe calcaire, le travertin, et le tuf d’eau douce (Reuss,
Geogn., T. I l , p. 47^, 63o , 644). Bruguières avoit déjà observé
que les meulières de Montmorency ne renfermoient que des coquilles
d’eau douce. Le gypse à ossemens de Montmartre, que
Karsten croyoit encore analogue au gypse salifère du zechstein,
avoit été considéré par Lamanon et par M. \ oigt ( 179g ) comme
un dépôt d’eau douce. Werner le regarda (1806) comme entièrement
différent des formations de gypse d’Allemagne, et
comme d’une époque beaucoup plus récente (Freiesleben,