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mations et de ne s’arrêter qu’à de grands traits caractéristiques,
doivent être plus ou moins timides, selon qu’on décrit le bassin
d’ün fleuve, une province isolée, un pays grand comme la
France et l’Allemagne, ou un continent entier.
Plus on approfondit l’étude des terrains, plus la liaison entre
des formations qui nous paroissent d’abord entièrement indépendantes,
se manifeste par le grand phénomène d’alternance,
c’est-à-dire par une succession périodique de couches qui offrent
de l’analogie dans leur composition, et quelquefois même dans
de certains corps fossiles. C’est ainsi que dans les montagnes de
transition, par exemple, en Amérique (à l’entrée des plaines de
Calabozo), des bancs de griinstein et d’eupholide ; en Saxe (près
de Friedrichswalde et Maxell,)î les schistes avec ampélites, les
grauwackes, les porphyres, les calcaires noirs et lès griinstein,
constituent, d’après leur alternance fréquente et répétée, une
même formation. Souvent il arrive que des bancs- subordonnés
ne paroissent qu’à la limite extrême d’une formation, et prennent
l’aspect d’une roche indépendante. Les marnes cuivreuses et
bitumineuses (Kupferschiefer), qui se trouvent placées en Thu-
ringe entre le calcaire alpin (zechstein) et le grès rouge (rothes
liegende), et qui sont devenues depuis dés siècles l’objet de
grandes exploitations, sont représentées dans plusieurs parties du
Mexique, de la Nouvelle-Andalousie et de la Bavière méridionale,
par des couches multipliées d’argile marneuse, plus ou
moins carburées, et enclavées dans le calcaire alpin. Des circonstances
semblables donnent souvent à des gypses, à des grès,
et à de petits bancs de calcaires compactes, l’apparence de formations
particulières. On reconnoît leur dépendance ou leur
subordination par leur association fréquente avec d’autres roches,
par leur manque d’étendue et d’épaisseur, ou parleur suppression
totale fréquemment observée. Il ne faut point oublier (et cè
fait m’a beaucoup frappé dans les deux hémisphères) que les
grandes formations de calcaires, par exemple le calcaire alpin,
ont leurs grès, comme les grès très-généralement répandus ont
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leurs bancs calcaires. De minces couches degrés, de calcaires et de
gypses caractérisent, sous toutes les zones, les dépôts de houille
et de sel gemme ou d’argile muriatifère (salzlhon), dépôts isolés
qui le plus souvent ne sont recouverts que de ces petites formations
locales. C’est en négligeant ces considérations, qui devroicnt
être familières à tout géognoste expérimenté, que l’on a rendu
trop compliqué le type des grandes formations indépendantes.
Le phénomène de Valternance se manifeste, ou localement
dans des roches superposées plusieurs fois les unes aux autres,
et constituant une même formation complexe, ou dans la suite
des formations considérées dans leur ensemble. Ce sont ou des
griinstein et des syénites, des schistes et des calcaires de transition,
des couches de calcaires et de marne qui alternent immédiatement,
ou c’est tout un système de micaschistes cbde roches
feldspathiques grenues (granités, gneis et sjénites) qui repa-
roit parmi les terrains de transition, et que séparent du système
homonyme primitif les grauwackes et les calcaires à orlhocéra-
tites. La première connoissanee de ce fait, un des plus impor-
tans et des plus inattendus de la géognosie moderne, est due
aux belles observations de MM. Léopold de Bucli, Brochant et
Hausmann. Ce phénomène rapproche, non par rapport au temps
ou à l’ancienneté relative, mais par rapport à l’analogie de
composition et d’aspect, le terrain de transition du terrain primitif.
De ce que, dans le premier, des roches grenues, dépourvues
entièrement de débris organiques, succèdent à des roches
eorUpaetes qui contiennent ces mêmes débris, de célèbres géo-
gnostes ont conclu que cette alternance de roches coquillières et
non coquillieres pourroit bien s’étendre au-delà des terrains que
nous appelons primitifs. On n’a pas seulement demandé si des
thonschiefer, des micaschistes et des gneis ne supportoient pas
les granités que 1 on a crus les plus anciens ; on a aussi agité
la question de savoir si des grauwackes et des calcaires noirs à
madrépores ne pourvoient pas se retrouver sous ces mêmes granités.
D apres cet aperçu, les roches primitives et de transition