tinguer deux circonstances très-différentes : leur position dans
la proximité d’une haute chaîne de montagnes qui est traversée
par des vallées longitudinales ou transversales, et leur position
loin de toute chaîne de montagnes, au milieu des plaines ou
de plateaux peu élevés. Dans le premier cas, les effets du relèvement
paroissent souvent incontestables et les couchés inclinent
assez généralement vers la chaîne, c’est-à-dire sur la pente
septentrionale des Alpes au sud, sur la pente méridionale, mais
beaucoup moins régulièrement au nord ( Buch, in Schr. N al.
Freunde, 1809, pag. io 3, 109, 179, 181 ; Bernouilli, Schweiz.
Miner, ƒ pu g. 23); mais, à de grandes distances de la chaîne,
celle-ci paroît influer sur la seule direction des couches, et non
sur leur inclinaison.
J’ai été, dès l’année 1792? très-attentif à ce parallélisme ou
plutôt à ce loxodromisme des couches. Habitant des montagnes
de roches stratifiées où ce phénomène est très-constant,_examinant
la direction et l’inclinaison des couches primitives et
de transition, depuis la côte de Gènes, à travers la chaîne de
la Boclietta , les plaines de la Lombardie, les Alpes du Saint-
Gothard, le plateau de la Souabe, les montagnes de Bareuth
et les plaines de l’Allemagne septentrionale, j’avois été frappé,
sinon de la constance, du moins de l’extrême fréquence des
directions hor. 3 — 4 de la boussole de Freiberg (du sud-ouest
au nord-est). Cette recherche, que je croyois devoir conduire
les physiciens à la découverte d’une grande loi de la nature,
avoit alors tant d’attraits pour moi, qu’elle est devenue un des
motifs les plus puissans de mon voyage à l’équateur. Lorsque
î’arrivai'sur les côtes de Venezuela, et que je parcourus la haute
chaîne du littoral et les montagnes de granite-gneis qui se prolongent
du Bas-Orénoque au bassin du Rio Negro et de l’Amazone
, je reconnus de nouveau, dans la direction des couches
, le parallélisme le plus surprenant. Cette direction étoit
encore hor. 3—4 (ou N. 45° E .), peut-être parce que la
chaîne du littoral de Venezuela ne s’éloigne pas considérablemerit
de l’angle que fait avec le méridien la chaîné centrale
de l’Europe. J’ai énoncé les premiers résultats que m’offroient
les roches primitives et de transition de l’Amérique méridionale,
dans un mémoire publié par M. de Laméthene, dans
son Journal de physique, T. 54, p- 46. J’y ai mêlé (comme
cela arrive souvent aux voyageurs, lorsqu’ils publient le résultat
dé leurs travaux pendant le cours même du voyage), a des observations
très-précises sur la grande uniformité dans la direction
des couches (à l’isthme d’Araya, à la Silla de Caracas, au
Cambury près Portocabello, sur les rives du Cassiquiare :
voyez ma Relat. histor., T. I , p. 3g3 , 542, 564, 678, T. I I ,
pag. 81 , 99, 125 , i4* ) , des aperçus généraux que j’ai regardés
depuis comme vagues et moins exacts. Quatre années de
courses dans les Cordillères ont rectifié mes idées sur un phénomène
qui est beaucoup plus important ^u’OIi ne l’avoit cm
autrefois; et, de retour en Europe, je me suis empresse de
consigner le résultat général de mes observations dans la Geo-
graphie des plantes, pag. 1 16 , et dans VEssai politique sur la
Nouvelle-Espagne, T. I I , p. S20. L'indication de ce résultat
étoit sans doute restée inconnue au savant auteur du Cntical
examination of Geology (p. 276 ), lorsqu il a combattu les
sertions publiées pendant mon absence, en 1799, par M. de
Lamétherie.
Il n’existe dans aucun hémisphère, parmi les roches , une
uniformité générale et absolue de direction; mais, dans des
régions d’une étendue très - considérable, quelquefois sur plusieurs
milliers de lieues carrées, on reconnoit que la direction,
plus rarement l’inclinaison, ont été déterminées par un système
de forces particulier. On y découvre, à des distances
très-grandes, un parallélisme de couches, une direction dont le
type^se manifeste au milieu des perturbations partielles, et qui
reste souvent le même dans les terrains primitifs et de transition.
Cette identité de direction s’observe plus fréquemment
loin des hautes chaînes alpines très-élevées, que dans ces chai