D’après ces divers rapports de gisement et de composition, je
pense qu’on n’est point en droit, dans l ’état actuel de nos con-
noissances, de nier entièrement l’existence des porphyres de
transition dans les Cordillères de l’Amérique méridionale, et
de regarder toutes les roches de syénites, de porphyres et de
grunstem, que je viens de décrire, comme des trachyles. Les
porphyres des groupes SS- 21 et a5 sont caractérisés dans l ’Amérique
méridionale et au Mexique par leur tendance constante
a une stratification régulière5 tendance très-rarement observée
en Europe, sur une grande étendue de terrain, dans les groupes
SS- 22 et 24. La régularité de stratification est cependant beaucoup
plus grande dans les porphyres mexicains postérieurs au.
thonschiefer de* transition, que dans les porphyres des Andes de
opayan, de Pasto et du Pérou, qui réposent immédiatement
sur les roches primitives. Cette dernière formation (S. 21) ne
m’a pas offert une seule couche subordonnée de syénite, de
grunstem, de calcaire et de mandelstein, comme on en trouve
dans les groupes SS- 22 et 23.
( Dans la Nouvelle-Espagne , entre Acapulco et Telmilotepec,
} ai vu des porphyres de transition, qui ne sont pas métallifères,
reposer immédiatement sur du granité primitif (Alto de loi
Caxones , Acaguisotla, et plusieurs points entre Sopilote et
Sumpango); mais, comme plus au nord ( près de Guanaxuato)
des porphyres métallifères d’une composition semblable couvrent
un thonschiefer de transition, il reste incertain, malgré
la différence de gisement, si les uns et les autres n’appartiennent
pas à un même terrain et à un terrain plus récent que
le groupe S- 21. Un terme d'de la série géognostique peut suivre,
immédiatement à 0 , là où y ne s’est pas développé. C’est ainsi
que le calcaire du Jura repose près de Laufenbourg immédiate-
tement sur du gneis, parce que les termes intermédiaires de la
série des formations, les roches situées ailleurs (par exemple
dans la vallée du Necker ) entre le calcaire du Jura et le terrain
primitif, s’y trouvent supprimés. Dans les Isles Britanniques,
'( l39 )
d’après les observations du savant professeur Buckland et d’après
celles de MM. de Buch et Boué, la formation de syénite, grüri-
stein et porphyre de transition (Ben Nevis, Crampians) repose
aussi immédiatement sur des roches primitives (micaschiste et
urthonschiefer ). Elle paroît par conséquent appartenir au premier
groupe de porphyres dont je viens de tracer l’histoire
(S- 21 ). Les porphyres du nord de l’Angleterre et ceux de l’Ecosse
sont recouverts tantôt de gramvacke, tantôt de la formation
houillère; ils offrent une hase feldspathique, et se trouvent
souvent dépourvus de qüarz, comme les porphyres de l’Amérique
équinoxiale. On y a observé des grenats : ce phénomène
se retrouve dans les porphyres de transition de Zimapan ( Mexique),
et dans ceux qui couronnent la fameuse montagne du
Potosi et qui appartiennent probablement aussi au groupe §. 23.
Si le mandelstein d’Uefeld fait partie, comme le croit M. de
Raumer, du terrain de grès rouge, les porphyres grenatifères du
Netzberg (au Harz) sont probablement de formation secondaire.
En Hongrie , les grenats se rencontrent à la fois et dans les
porphyres ou griinstein porphyriques du groupe 3- 23 , et dans
les conglomérats du terrain trachytique. Il en résulte que les
grenats pénètrent depuis les roches primitives ( gneis, weisstein,
serpentine), par les porphyres de transition, jusque dans les
trachytes et basaltes volcaniques, et que, dans les zones les
plus éloignées les unes des autres, certains porphyres offrent des
rapports très-multipliés avec les trachytes. J’ignore si la syénite
titanifère de Keiiendorf en Silésie, qui repose immédiatement
sur le gneis et qui passe à un granite de transition à petits
grains dépourvu d’amphibole, appartient à l’ancienne formation
du groupe S- 2 1 , ou si c’est un lambeau de la formation S- 25,
placé accidentellement sur des roches primitives. Rien n’est plus
difficile que de reconnoitre avec certitude s’il y a eu suppression,
de quelques membres intermédiaires de la série des roches ,
ou si le contact immédiat que l ’on observe, est celui que l’on
trouvcroit partout ailleurs sur le globe en comparant l'age relatif
ou le gisement des mêmes terrains. '